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Meta goes Maga

Je suis sans voix », « une vidéo hallucinante », « une onde de choc ». Chez les journalistes et experts des réseaux sociaux, la sidération et la consternation dominent après la vidéo publiée hier par Mark Zuckerberg, dans laquelle il annonce la fin du programme de fact-checking de Meta aux Etats-Unis et un assouplissement général de sa politique de modération.

 

Mis en place il y a près de 10 ans, le dispositif consiste à vérifier les contenus par des tiers de confiance, et ce dans plus de 26 langues. Le programme est aussi une source de revenus significative pour un secteur en crise, puisqu’il rémunère plus de 80 médias à travers le monde, dont l’AFP, ABC News et The Associated Press aux États-Unis.

 

Les termes choisis par le créateur de Facebook sont rudes : « nous allons nous débarrasser des fact checkers (…) les vérificateurs ont été trop orientés politiquement et ont plus participé à réduire la confiance qu’ils ne l’ont améliorée ». M. Zuckerberg annonce les remplacer par des notes de la communauté, « comme sur X » ajoute-t-il, en citant un de ses concurrents, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Il n’en fallait pas plus pour ravir Elon Musk qui lui a répondu sur son réseau social d’un lapidaire « c’est cool », ajoutant un élément de plus à la stupeur ambiante.

 

La question d’une forme d’allégeance de certains grands patrons de la Tech américaine au futur locataire de la Maison Blanche est posée, mais elle ne doit pas occulter le risque majeur que crée l’annonce de Mark Zuckerberg à court terme. Avec l’explosion des contenus générés via les outils d’IA générative à échelle industrielle, souvent de basse qualité (« slop IA »), et avec des visées pécuniaires ou trompeuses, le recul de la modération sur la plateforme de réseaux sociaux la plus utilisée au monde est une très mauvaise nouvelle pour nos démocraties. Il constitue un véritable appeau à désinformateurs, qui ne manqueront sans doute pas l’opportunité de diffuser plus largement leurs contenus toxiques. La Ministre Déléguée chargée de l’IA et du Numérique, Clara Chappaz, promet d’être « vigilante » sur le respect du Digital Service Act en Europe. En attendant, pour l’AFP, la décision de Meta est « un grand bond en arrière qui va ouvrir les vannes aux contenus mensongers ».

 

08/01/25