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The Times They Are A-Changin’

« Quand j’écoute trop Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne », fait dire Woody Allen à l’un des personnages de Meurtres mystérieux à Manhattan. Qui aurait pu prédire que quelques années plus tard, l’écoute de Village People ou de Billy Ray Cyrus donnerait à POTUS, 47ème du nom, des envies d’envahir le Groenland, le Canada et le Panama. Pour le moment. La liste définitive n’étant pas fixée à ce jour. Est-ce l’écoute forcenée de Chostakovitch qui déclencha chez le Tsar Vladimir des envies de s’intéresser de très près à l’Ukraine ? On en conclura rapidement que, décidément, la musique n’adoucit pas les mœurs. Même si la paix des braves entre Taylor Swift et Beyoncé telle que visible lors des Grammy Awards 2025 est porteuse d’un zeste d’espérance.

 

Côté obscur, la dérive criminelle de P. Diddy ou les frasques de Kanye West interrogent sur les vertus salvatrices de la création musicale. Comme l’avait chanté Gainsbourg, le génie ça démarre tôt et parfois ça rend marteau, en évoquant Antonin Artaud au risque d’une rime facile. Prenons acte. Et laissons-nous dériver du côté d’une icône, nobélisée qui plus est. Robert Zimmermann aka Bob Dylan. Dont la nouvelle incarnation cinématographique, Timothée Chalamet, fascine par son mimétisme. Dans le film de James Mangold, Chalamet se glisse dans la peau de l’une des nombreuses réinventions du personnage de Dylan. Au cours de plus de 60 années de carrière, Dylan demeure l’illustration vivante du précepte rimbaldien « Je est un autre ». Insaisissable. Imprévisible. Et toujours là où on ne l’attend pas. Dylan ou le roi des révolutions. Dylan qui se convertissant à la musique électrifiée, troquant sa guitare acoustique folk contre une Fender Stratocaster, passa du son feutré des clubs de Greenwich Village au niveau 11 des amplis destinés aux festivals et autres arenas. Et ce, comme il se doit, sous les huées des zélotes et gardiens du temple.

 

Cet épisode de la geste dylanienne est métaphorique et l’on peut y voir un parallèle avec les transformations du monde telles que nous les vivons chaque jour. Dans l’univers de la Tech, observons de près la révolution de l’IA. L’ère est aux ruptures brutales, aux révolutions que nous espérons schumpetériennes en faisant le pari de la création débridée une fois la destruction achevée. Après tout, cela a réussi à l’increvable Dylan qui poursuit son Never Ending Tour, année après année, appliquant en cela le concept Nietzschéen de l’éternel retour. Preuve si besoin, qu’il reste au moins un élément de stabilité dans un monde qui bouge trop vite et où certains envisagent même de transformer les champs de bataille en stations balnéaires. Ce dernier point ne serait-il pas un effet secondaire de l’écoute forcenée des Beach Boys par le résident de Mar-a-Lago ? On s’interroge. Tout en sifflotant avec les Monty Pythons, always look on the bright side of life…

 

07/02/25