Demain ne répond plus

Avec Donald Trump et Elon Musk, nous entrons de plain-pied dans les mondes de Philip K. Dick. Les futurs Maîtres du Haut Château (de Washington D.C.) nous promettent déjà un monde où la poutine, l’orignal, le panama et l’igloo feront partie intégrante du patrimoine yankee. Bienvenue en dystopie.

Ces faits étant posés, au nom de la liberté d’expression absolue prônée par Musk et tous les patrons de la Silicon Valley ayant fait allégeance au futur big boss elect, nous pourrions nous permettre quelques écarts de langage. That’s free speech, baby ! Mais nos chastes oreilles d’européens sensibles sont-elles prêtes à ces excès ? Il s’en trouvera toujours pour s’offusquer. Entre le « on ne peut plus rien dire » et le « on est toujours Charlie, mais… », nous entrons dans une ère de chaos absolu et illisible. Free speech à distribuer et consommer sans modération. Même le Pape François s’en émeut, c’est dire !!

La bordélisation du débat, la tribalisation, la perte du sens du commun (et du sens commun), l’archipélisation, le culte de l’ego, le nez collé à l’écran du smartphone… Bref, agitation et mouvement brownien où les individus semblent courir comme des poulets sans tête. Avec un peu de recul et d’optimisme, on pourrait imaginer que comme à la belle époque lointaine du Big Bang, de la soupe originelle naisse quelque chose qui ressemble peu ou prou à un monde organisé guidé par la Raison. Bang ! Galaxies, système solaire, Terre (ronde dans le meilleur des cas). Pour les pessimistes, la vision du futur s’apparente aux rêves des survivalistes, l’AR15 dans une main et la batte de baseball cloutée dans l’autre.

La solution sera-t-elle du côté de la sacro-sainte Tech ? Mais qu’en pense mon IA ? Qu’en pense mon ChatGPT ? Rien de particulier, hélas. Même si le bougre, dans sa version 1o, commencerait paraît-il à raisonner. Sera-t-il à même de faire la critique de sa raison, pure ou pas ? Une fois que le DOGE aura simplifié, désossé, déplumé, dégraissera-t-il son initiateur ? À moins qu’icelui ne se soit mis au service de la communauté en allant éteindre les incendies de Los Angeles après avoir posté quelques pieux conseils sur X (le sable mouillé protège mieux les habitations que l’eau). Jamie Lee Curtis et Paris Hilton n’ont malheureusement pas eu ce réflexe de bon sens. Bonjour tristesse. On attend avec impatience une vidéo de Kekius Maximus regardant L.A. en flammes en tweetant « qualis artifex pereo ». Avouons-le, ça aurait du panache et pourrait même donner à Sir Ridley Scott la très mauvaise idée de s’atteler à un Gladiator III.

10/01/25