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La Montagne a accouché d’un sourire

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, est l’occasion chaque année de rappeler l’importance d’agir pour l’égalité dès le plus jeune âge et de lutter contre les stéréotypes. S’agissant de ce dernier point, les freins sont encore nombreux et clairement identifiés (plafond de verre, métiers moins valorisés, différences salariales, articulation des temps de vie…) mais ne sont pas pour autant irréversibles. À chaque fois, un thème précis est fixé par l’Organisation des Nations unies (ONU) et donne lieu à de nombreux débats et actions. Le thème retenu pour l’édition 2024 s’intitule « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ».

 

Il s’agit de lever l’un des principaux obstacles à la réalisation de l’égalité des sexes d’ici 2030, à savoir la question du financement. Pour l’ONU, le déficit annuel pour les dépenses consacrées aux mesures en faveur de l’égalité des sexes atteint 360 milliards de dollars. D’où la nécessité, d’effectuer, à une date régulière, un état précis des lieux. On mesure à la hauteur de cet engagement la nécessité de rappeler que, non, le 8 mars n’est pas une « journée internationale de la Femme », sorte de remake bâclé de la fête des mères (au point d’en faire un marronnier souvent confié à des journalistes femmes) mais bien à une journée internationale des droits des femmes, ce qui n’est pas tout à fait la même chose, on en conviendra.

 

Ceux qui n’auront pas encore compris ce distinguo sont bien obligés de reconnaître que le 8 mars de cette année correspond à un événement historique de portée universaliste. C’est, aujourd’hui, qu’a eu lieu la pose du sceau sur la Constitution française, où sera désormais mentionnée « la liberté garantie » de recourir à l’IVG. La cérémonie hautement symbolique s’est tenue en présence d’Emmanuel Macron, devant le ministère de la Justice, place Vendôme.

 

Certains médias ont choisi d’aller plus loin. C’est le cas du quotidien La Montagne qui a décidé de mettre en valeur une habitante de Moulins. Abnousse Golami est iranienne et exilée dans le « pays des Lumières » qui demeure, à ses yeux, un « exemple » pour une renaissance de l’Iran. L’article de Mathilde Duchatelle raconte que cette femme a ouvert avec son époux un restaurant sans abandonner, pour autant, son goût pour la littérature persane et, plus particulièrement, la poésie. Le 8 mars est pour Abnousse Golami davantage qu’un symbole, une promesse d’émancipation. Elle dit sans jamais se départir de son sourire : « (ici) Je n’ai pas de problème avec mes habits ou le hijab, je peux travailler sans problème, voir de l’art, faire de la musique, faire du vélo toute seule ». Tout ce qui lui est interdit en Iran. Elle renvoie au souvenir d’une grande poétesse Tahireh Qurrat al-‘Ayn. En 1848, celle-ci retira son voile en pleine conférence religieuse pour réclamer plus d’égalité entre hommes et femmes. Elle sera condamnée à mort quelques années après. Dans un poème, « l’aube véritable », elle a écrit :

 

« Nul cheikh ne siégera plus
sur le trône de l’hypocrisie !
Nulle mosquée ne fera plus
commerce de la piété ! (…)
La tyrannie sera terrassée par la main de l’égalité.
L’ignorance sera démolie par la force de la vérité.
La justice étendra son tapis en tout lieu
et l’amitié plantera ses arbres partout. »

 

Preuve, si cela était nécessaire, que lorsqu’il s’agit du droit des femmes, tout est un éternel recommencement.

 

08/03/2024