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La mort de la vérité

« À Springfield, ils mangent des chiens, les gens qui viennent, ils mangent des chats. Ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C’est ce qui se passe dans notre pays ». Proférés lors du débat qui l’opposait cette nuit à Kamala Harris, les mensonges de Donald Trump au sujet des migrants illustrent une nouvelle fois la dérive du candidat républicain et, derrière lui, celle des millions d’Américains pour qui la frontière entre le vrai et le faux a tout simplement disparu.

 

C’est tout l’objet du dernier livre de Steven Brill, ancien journaliste et fondateur de Newsguard, une société de lutte contre les fausses informations. Intitulé The Death of Truth, il explore la manière dont la désinformation et les théories du complot diffusées sur les réseaux sociaux sapent la notion même de vérité des faits, vitale pour garantir la cohésion de la démocratie. Pour lui, « la vérité en tant que concept est vraiment en difficulté. Elle est suspecte (…) vous ne savez pas si quelque chose est un canular, de la propagande politique ou un deep fake. Vous ne savez pas quoi croire » ».

 

Dans une interview à Vanity Fair, Brill se souvient de l’année 2018, quand il a lancé Newsguard : « nous pensions être en plein milieu d’une tempête totale de désinformation, mais en fait, c’était le calme avant la tempête, c’était avant le Covid, avant Stop the Steal, avant la désinformation sur les vaccins, avant le 6 janvier, avant l’invasion russe de l’Ukraine, avant la guerre Israël-Hamas, et avant l’élection d’aujourd’hui… Et avec l’IA générative, la situation ne fera qu’empirer ».

 

Brill affirme qu’aux États-Unis, il existe désormais davantage de faux sites d’information locales que de vrais sites de journaux locaux. Ces derniers sont le plus souvent financés par des associations politiques, insiste Brill, qui souligne que l’opinion domine désormais le champ médiatique.

 

Au journaliste de CBS qui lui demande si, dans le contexte actuel, des élections « universellement acceptables » sont possibles aux Etats-Unis, Brill répond : « Oubliez universellement, ou même modestement acceptables. Je crains vraiment que quel que soit le résultat, le chaos, l’incrédulité et la colère qui prévaudront au le lendemain de l’élection ne mettent notre pays à rude épreuve ».

 

11/09/24