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La porte des étoiles

Un coup d’accélérateur, et un coup de massue. On pourrait résumer ainsi l’annonce du projet Stargate, effectuée hier soir par Donald Trump à la Maison-Blanche, en présence des dirigeants d’Oracle, SoftBank et OpenAI. Cette gigantesque joint-venture sera dotée de 500 milliards de dollars sur 4 ans, dont 100 milliards alloués dès 2025. Le fonds d’État MGX d’Abou Dhabi et Oracle financent le projet, tandis qu’Arm, Microsoft et Nvidia, détenus par SoftBank, seront des partenaires technologiques, précise le Financial Times. L’annonce n’a apparement pas plu à Elon Musk qui a réagi avec scepticisme au communiqué de presse d’OpenAI. « Ils n’ont pas vraiment d’argent », a-t-il lancé, ajoutant même : « SoftBank a obtenu bien moins de 10 milliards de dollars. Je le sais de source sûre ». Un « trolling » en règle de Stargate selon Politico, qui voit cette critique comme une « première rupture entre M. Musk et le dirigeant républicain, soulignant le risque de dissensions sur des questions politiques clés au sein de la vaste coalition de M. Trump ».

 

Stargate prévoit de créer une multitude de data centers aux États-Unis, avec à la clé la promesse de 100 000 créations d’emplois. La taille de ces data centers (dix bâtiments de 46 000 mètres carrés chacun, rien que sur le premier site d’Abilene, au Texas) donne une idée de l’ampleur du projet et de l’échelle sur laquelle l’Amérique place ses ambitions. L’objectif de Stargate est simple : creuser l’écart avec le reste du monde, et particulièrement la Chine, tout en consolidant le leadership américain en matière d’IA.

 

« C’est un investissement comparable à celui du programme Apollo ou du projet Manhattan, si l’on rapporte cela au PIB », écrit Noam Brown, responsable de la recherche chez OpenAI, sur le réseau social X. Quelles avancées concrètes pourrait permettre Stargate ? Lors de la conférence de presse donnée hier, Larry Ellison, président et cofondateur d’Oracle, a donné un exemple : « L’IA concevra des vaccins à ARNm personnalisés pour chaque individu contre le cancer, en les fabriquant de manière robotique en 48 heures. »

 

Et l’Europe, dans tout ça ? En mai dernier, la Cour des comptes européenne a publié un rapport sur l’investissement de l’UE dans l’IA, dans lequel on pouvait lire : « L’écart entre les États-Unis et l’Europe a plus que doublé entre 2018 et 2020, l’Europe accusant un retard de plus de 10 milliards d’euros. » Un chiffre qui paraît bien dérisoire aujourd’hui.

 

22/01/25