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La soutenable légèreté de l’être

Et si nous nous offrions une pause. Un moment 100% JOMO (Joy Of Missing Out), un moment de déconnexion pour retrouver la légèreté. Un moment à soi pour se détacher des fureurs du monde. Cette semaine débutait par le Blue Monday, ce lundi censé être le jour le plus déprimant de l’année. Lundi coïncidant par pur hasard avec l’installation de Donald Trump à la Maison Blanche. État des lieux, réception des clés, tour du propriétaire et emménagement. Le Blue Monday étant au demeurant un concept purement marketing, une invention dont l’étrangeté nous interpelle. Comme si nous n’étions pas confrontés à suffisamment de drames pour en inventer de nouveaux. Une sorte de délectation masochiste, jouir de sa dépression, comme ces enfants pleurant en se regardant pleurer dans le miroir. Pour paraphraser Jane Austen, la vie ne semble qu’une succession rapide de riens occupés (« Life seems but a quick succession of busy nothings »). Insignifiance des choses devant nous amener à relativiser l’importance que nous leur attribuons. Du moins en théorie.

 

Revenons à la joie de se déconnecter. Et de se reconnecter à des réalités positives pour retrouver un peu de légèreté. Soyons heureux en attendant la mort, préconisait Pierre Desproges. Lançons-nous dans la quête de la bonne nouvelle, de l’information qui va, sinon nous mettre en joie, du moins instiller un peu de futilité dans notre quotidien. Côté réseaux sociaux, on s’intéresse au ciel bleu. Changement d’herbage réjouit le veau dit la sagesse populaire. Mais restons lucide, l’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ou n’est-ce qu’une éphémère illusion ? Dans un autre registre, Magritte est à nouveau à la Une de l’actualité. Si ceci n’est pas une pipe, ce bras tendu vers le ciel est-il ce qu’il n’est pas ou n’est-il pas ce qu’il est ? Sémiologues et toutologues sont en désaccord majeur à ce propos.

 

Pour retrouver la légèreté, autant nous focaliser sur quelques savoirs a priori inutiles (mais sait-on jamais). En voici un florilège, livré en vrac pour coller à l’époque et ne pas nécessiter d’emballages inutiles. Victor Wembanyama, dit Wemby, mesure 2m21, 2m43 d’envergure et chausse du 55. Il joue en NBA au sein des Spurs de San Antonio (TX), précision utile pour ceux qui vivent heureux dans l’ignorance de la chose basketballienne. Emilia Pérez de Jacques Audiard récolte 13 nominations aux Oscars. Même score qu’Autant en Emporte le Vent en 1940. Quant au Macumba, c’est fini. La dernière discothèque portant ce nom, immortalisé dans la variété toulousaine des années 80, ferme ses portes. Il n’y a donc pas qu’à Saint Germain des Prés, qu’il n’y a plus d’après. Et Diddl, la souris qui hanta l’imaginaire et les cartables des Millenials (et délesta leurs géniteurs de quelques centaines de francs et d’euros) annonce son retour en 2025.
Le Serpent de bois de la cosmologie chinoise nous portera-t-il chance en 2025 ? Celui du jardin d’Eden ayant par le passé causé quelques dégâts, croisons les doigts et faisons les incantations rituelles nécessaires pour que les auspices nous soient favorables et que ChatGPT dopé au free speech ne prenne pas trop d’assurance et sape notre inébranlable confiance en nous.

 

24/01/2025