Le futur selon Amy Webb

C’était l’une des interventions les plus attendues du South by Southwest festival qui s’est tenu la semaine dernière à Austin, Texas, devant la fine fleur de l’écosystème tech mondial. La keynote de la futurologue Amy Webb, CEO du cabinet de prospective Future Today Institute, a tenu toutes ses promesses.

 

« C’est l’environnement le plus complexe qu’il m’ait été donné de voir en 20 ans d’activité », a-t-elle prévenu d’emblée, avant de dérouler une présentation brillante, et parfois inquiétante, sur les tendances de fond qui nous attendent en matière de tech. Comme une fenêtre ouverte sur un futur qu’Amy Webb conjugue en une série de concepts et acronymes, dont voici une liste non exhaustive :

 

« FUD » : Fear, Uncertainty, Doubt (la peur, l’incertitude, le doute). C’est pour Amy Webb l’état de quasi-sidération dans lequel chacun de nous se trouve face à la révolution en cours, et qu’il convient d’épouser, car nous n’avons tout simplement pas d’autre option.

 

« GEN-T » : Bonne nouvelle, nous ne sommes pas seuls face aux grands bouleversements qui s’annoncent. Oubliez la GenZ, la GenX, les milleniums… Nous sommes tous désormais réunis en une seule et même Génération T, comme Transition et Transformation.

 

« TECH SUPERCYCLE » : La révolution en cours est fondamentalement technologique, elle a trois composantes :

-l’IA, qui en constitue la fondation, le « super engine »,
-les objets connectés, qui sont autant de capteurs de données indispensables pour l’alimenter,
-la biotech, pour rapprocher toujours plus l’ordinateur de l’humain.

 

« ORGANOID INTELLIGENCE (OI) » : En effet, au cours des dix prochaines années, l’utilisation de matériaux biologiques telles que les cellules cérébrales pour traiter l’information, se répandra. Des « bio computers » constitués de cellules humaines apparaîtront, ce qui pose un autre problème éthique majeur : d’où viendront ces cellules souches, quel sera leur statut ?

 

« UNSECURE AI » : C’est la limite du modèle open source prôné par certains grands acteurs. Une IA dont le code est accessible est aussi une IA qui peut être détournée à des fins malveillantes. Le risque est réel, qu’il s’agisse de deepfakes, de guerre informationnelle, ou pour la production d’armes biologiques.

 

« ACCOUNTABILITY » : Dans ce contexte, l’éthique n’a pas encore la place qu’elle devrait avoir en matière d’IA. Les plateformes d’IA ne pourront pas dire qu’elles ne sont pas responsables, elles doivent pouvoir rendre des comptes, affirme Amy Webb.

 

« TEXT TO CONCRETE » / « LLM » vs « LAM » : nous allons bientôt passer des prompts textuels à des commandes beaucoup plus conceptuelles grâce auxquelles l’IA prédira d’elle-même nos intentions, sur la base de datas captées dans le monde réel, et plus seulement en ligne. Cette transition est déjà à l’œuvre entre les LLM (larges modèles de langues) et les LAM (larges modèles d’action) qui pourront produire, construire des objets réels, et plus seulement nous répondre par écrit.

 

« FACE COMPUTERS » : les casques de réalité virtuelle ou augmentée se multiplient (Apple Vision Pro, entre autres). Ces bijoux technologiques sont de véritables ordinateurs, et vont se généraliser. Amy Webb résume : « la prochaine bataille sera celle de la suprématie faciale ».

 

Pour visionner la keynote d’Amy Webb, c’est ici

 

20/03/2024