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On n’a jamais surfé sur le #pasdevagues

Il y a une qualité que personne ne peut contester au Premier ministre, Gabriel Attal : celle de savoir poser les mots justes sur les maux de la République. Il l’a encore prouvé lors de sa visite à Viry-Châtillon où un adolescent de 15 ans est mort après avoir été passé à tabac au début du mois. Le chef du gouvernement a pointé le déficit d’autorité au sein des établissements scolaires et la nécessité de changer de logiciel en ce domaine en confirmant sa volonté d’envoyer en internat des jeunes « à la dérive ».

 

Il est également prêt à ouvrir le débat sur des atténuations à l’excuse de minorité dans les condamnations pénales et sur la possibilité de mettre en place une comparution immédiate devant le tribunal pour les jeunes à partir de 16 ans, de sorte qu’ils aient à répondre de leurs actes immédiatement comme les majeurs.

 

Intervenant le soir même, il a dénoncé, en outre, les « groupes plus ou moins organisés » qui cherchent à faire « un entrisme islamiste », qui prône « les préceptes de la charia », notamment dans les écoles. Gabriel Attal avait à l’esprit cette police des mœurs qui s’installe insidieusement dans certaines têtes molles.

 

D’aucuns qui sont revenus de tout sans être allés nulle part, vont déplorer que cette vision ne soit pas déjà à l’œuvre, ce qui est, à la fois, facile et de bonne guerre en période électorale. Il est sûr qu’annoncer un Grenelle sur ce sujet n’est pas du meilleur effet. (Un humoriste avait récemment pris le nom pour en faire un verbe synonyme d’inaction : « Je grenelle, tu grenelles… »). Il n’en reste pas moins que pour la première fois depuis bien longtemps, les mots correspondent à la réalité des faits. Et il est devenu difficile dans ce cas de reprocher aux politiques de mettre sous le tapis, de masquer, d’éliminer la réalité des faits. On est loin, très loin, du fameux et fumeux « pas de vagues » qui, durant des décennies a été la couette meringuée sous laquelle les décideurs se lovaient pour échapper aux vicissitudes du moment.

 

Mais le « pas-de-vaguisme » n’a pas seulement provoqué de graves dommages au sein de l’école. Ce serait une erreur de s’aveugler et de ne pas comprendre qu’on le trouve en action (ou plutôt en inaction) dans tous les domaines et dans tous les ministères. Qu’il s’agisse de la situation préoccupante des finances publiques, de la crise dans l’hôpital public, de celle du logement ou de tant d’autres dossiers brûlants ayant subis un traitement vertical depuis des décennies. C’est dire si la tâche du Premier ministre s’apparente à l’ascension de l’Himalaya en baskets s’il ambitionne de porter, à chaque fois, un langage de vérité. Mais après tout, cela pourrait être précisément sa marque de fabrique. C’est de la com ? Certes. Mais depuis quand la communication n’agit-elle pas aussi sur la marche du monde ?

 

19/04/2024