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Pour une presse à mission : repenser l’information comme bien commun

L’information n’est pas une marchandise comme les autres. À l’heure où des milliards de données circulent chaque jour sur les plateformes numériques, il devient crucial de reconnaître son statut particulier, celui d’un bien commun. L’émergence du concept de « société à mission », qui allie performance économique et impact social, pourrait bien être une réponse aux défis actuels de la presse.

 

La proposition des États Généraux de l’Information (EGI) d’étendre cette qualité de société à mission aux médias vise à renforcer leur rôle dans le maintien d’une démocratie saine. Ce modèle, déjà adopté dans divers secteurs en France et dominant dans les pays nordiques permet aux entreprises de définir des missions d’intérêt public au-delà de la simple recherche du profit. Pour les médias, ces missions pourraient inclure des actions concrètes, telles que l’éducation à l’information pour tous les âges, la diversité et l’équité dans les rédactions, ainsi que la lutte contre la désinformation, véritable fléau à l’ère numérique.

 

L’adoption de la qualité de société à mission par les médias constituerait un engagement fort pour préserver l’indépendance et la qualité de l’information, piliers de la démocratie. À l’heure où la presse est souvent fragilisée par des pressions économiques et une rentabilité en déclin, l’implication des actionnaires dans cette démarche serait un gage de responsabilité. Les lecteurs, eux aussi, jouent un rôle crucial : non seulement en tant que consommateurs d’information, mais aussi comme relais actifs dans sa diffusion via les réseaux sociaux, où le rôle de « citoyen-informateur » est devenu monnaie courante.

 

Le comité de mission, incluant actionnaires, journalistes et représentants de la société civile, veillerait à ce que les engagements démocratiques des médias soient respectés. Ce modèle, loin de remettre en cause la gouvernance traditionnelle, permettrait de garantir l’intégrité des contenus publiés tout en assurant un contrôle éthique indépendant.

 

L’État, en tant que garant du bien commun, pourrait soutenir cette dynamique en conditionnant ses aides publiques aux médias respectant ces engagements. Une presse à mission, capable de garantir une information diversifiée, éthique et responsable, devient alors un pilier essentiel pour renforcer le lien entre les citoyens et le dialogue démocratique dans un environnement médiatique en constante évolution.

 

17/09/24