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Trumperie sur la marchandise ?

Coup de tonnerre. Avec 51 % des suffrages, Donald Trump a remporté haut la main les caucus de l’Iowa du 15 janvier. Ces derniers donnaient le coup d’envoi des primaires du côté des républicains. L’ancien président américain a largement devancé, ses principaux rivaux qui étaient le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, et l’ex-gouverneure de Caroline-du-Sud, Nikky Alley.

 

Et pourtant, jamais un candidat à une présidentielle américaine n’a été autant dans le collimateur de la justice. De quoi entrer dans le Guinness World Records. Donald Trump fait actuellement l’objet de 91 chefs d’inculpation, dont quatre procédures pénales, notamment pour avoir tenté d’inverser les résultats de la présidentielle de 2020. Il fait aussi l’objet d’un procès au civil pour fraudes financières à New York. Quant à son procès à Washington pour complot contre les États-Unis, il devrait débuter le 4 mars juste à la veille du Super Tuesday. Et comme si cela ne suffisait pas, le Maine et le Colorado ont récemment décidé que Donald Trump était inéligible en raison de son implication dans l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021.

 

C’est donc désormais au juge de la Cour suprême, saisie par l’ex-président, de statuer sur la question de son inéligibilité. Jugement attendu en février. Ses partisans ne sont pas très inquiets à l’idée que la Cour suprême puisse arbitrer du destin de leur champion et de l’élection présidentielle comme jamais depuis deux décennies. On peut les comprendre. Rappelons que Donald Trump a nommé trois de ses neuf juges. Au fond, comme l’ont souligné de nombreux médias américains, ses ennuis judiciaires, loin de lui causer du tort, semblent, au contraire jouer en sa faveur.

 

La véritable question, derrière ces péripéties juridiques est : que nous dit Trump aujourd’hui de l’Amérique ? La réponse nous est venue de la chroniqueuse du Washington Post, Karen Tumulty qui a mis carrément mis les pieds dans le plat avec un éditorial intitulé : « Trump, c’est bel et bien l’Amérique ». En 2016, écrit-elle, il était encore possible de croire que Trump allait changer et gagner en maturité sous le poids de ses nouvelles fonctions. Après tout, au-delà de son rôle d’amuseur public, il était un homme d’affaires rompu à la négociation. On pouvait légitimement (ou naïvement) penser que ces atouts allaient être mis à profit dans le Bureau ovale à Washington. Or, cette fois, s’il remporte l’élection de 2024, ce qui selon les sondages est plus que probable, Trump a déjà clairement indiqué qu’il gouvernerait de manière autoritaire. Il est allé jusqu’à traiter ses opposants de « vermine » et a affirmé que les immigrés clandestins empoisonnaient le sang de l’Amérique.

 

Pour bon nombre d’Américains, ces éléments sont autant de raisons de souhaiter le retour de Donald Trump, souligne-t-elle.
Et de conclure non sans lucidité : « Si les Américains, sachant tout ce que l’on sait désormais sur lui, décident de ramener Donald Trump au pouvoir, il sera temps de regarder la vérité en face. C’est bel et bien ce que nous sommes ».

 

19/01/2024