Fr
En

Un Yalta ou un Congrès de Vienne

À l’heure où nous écrivons cet édito du Cahier de tendances, nous ne connaissons pas encore la composition exacte du gouvernement de Michel Barnier. Il importe peu de savoir si les tractations qui ont présidé à sa formation sont parmi les plus longues de la Ve République. L’essentiel est que l’équipe mise en place dure et le plus longtemps possible. Tout le reste est secondaire, sauf virgule bien sûr, pour les éditorialistes politiques qui ont, depuis trois mois, retrouvé des couleurs tout en avalant des couleuvres. La première leçon qu’il y a à tirer de cette séquence est que Michel Barnier, négociateur du Brexit après des mois de rapports de force avec les Britanniques, était bien l’homme de la situation. En bon Savoyard, le Premier ministre connaît les questions qui se posent lorsque l’on tente en autonomie une escalade : « Faut-il avancer en corde tendue ou tirer une longueur ? Contourner le gendarme par la gauche ou par la droite ? Remonter dans le couloir en neige ou prendre la vire caillouteuse sur le côté ? Taper un rappel ou désescalader ? Mettre un point maintenant ou continuer d’avancer ? etc. »

 

Dans Les Échos, on trouve une intéressante comparaison entre ce qui est en train de se passer sous nos yeux et la conférence de Yalta. Et de souligner combien l’équilibre des forces en présence dans cette fragile coalition suppose un partage des territoires et du pouvoir en affichant jeudi soir clairement les résultats espérés avec la répartition de seize portefeuilles ministériels de plein exercice. Sept ministres macronistes de strictes obédiences, trois LR, deux Modem, un Horizons, un UDI, un divers droite et un divers gauche.

 

S’agit-il d’un Yalta ou d’un Congrès de Vienne ?

 

Le Congrès de Vienne avait pour objectif de rétablir les frontières territoriales françaises et des huit États européens afin de restaurer l’équilibre des puissances tout en espérant maintenir une paix durable. On a l’impression que, depuis quelques jours, l’objectif de la formation du gouvernement est moins programmatique que politique. Il s’agit de rétablir l’ancienne majorité présidentielle dans ses frontières, rétablir l’équilibre entre les puissances du centre-droit et de la droite afin d’obtenir une paix durable jusqu’à la prochaine élection présidentielle.

 

Cela étant dit, il n’est pas question de bouder son plaisir ni le soulagement que l’on peut légitimement éprouver en voyant s’avancer cette future nouvelle équipe qui va mettre fin à 65 jours sans gouvernement et – surtout – fin (pour le moment) aux espoirs de la France insoumise et de ses compagnons de route du Nouveau Front Populaire.

 

20/09/24