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Le point sur l’Inflation Reduction Act (IRA)

L’Inflation Reduction Act (IRA), est un plan massif de soutien à l’industrie américaine, anxiogène pour l’économie européenne

 

Alors que l’inflation est devenue la première préoccupation des ménages outre-Atlantique, les Démocrates américains ont fait adopter au Congrès un programme baptisé « Inflation Reduction Act » (IRA), qui entrera en vigueur en 2023. Ce plan prévoit des investissements publics massifs (433 milliards $ soit 2% du PIB US), ainsi qu’une réduction du déficit budgétaire (300 milliards $), le tout financé par de nouvelles recettes fiscales (à hauteur de 739 milliards $).

 

Parmi les investissements publics, l’octroi de fonds pour « la sécurité énergétique et le changement climatique », d’un montant de 369 milliards $, sera conditionné au respect de règles d’approvisionnement et d’assemblage locaux. L’une des mesures phares de ce « Made in America » est le crédit d’impôt de 7500 dollars accordé aux ménages pour les aider à acquérir un véhicule électrique : les subventions seront réservées exclusivement aux voitures électriques américaines[1]. Des dispositions assez similaires sont prévues pour les batteries et panneaux solaires.
Ce programme de transition climatique au profit exclusif de l’industrie américaine est appelé à modifier la donne du commerce international au détriment des industriels européens avec :

 

-Une pénalisation des exportations de voitures, batteries et composants produits/assemblés en Europe vers les Etats-Unis

-Un risque de délocalisation de certaines industries de l’Europe vers les Etats-Unis, afin de bénéficier des subventions

-Un frein aux investissements étrangers à destination de l’UE

 

Différents effets en parfaite contradiction avec la volonté européenne de regagner davantage de souveraineté industrielle. Pour Elisabeth Borne, cette forte distorsion de concurrence pourrait faire perdre à la France 10 milliards d’euros d’investissements et 10 000 créations potentielles d’emplois. Sans compter le risque « d’effet d’éviction écologique » sous-jacent, les Etats-Unis se retrouvant en mesure de capter l’essentiel des processus d’innovation décarbonée grâce à l’attrait de ses financements publics.
Bruno Le Maire a affirmé « que la meilleure réponse à l’IRA américaine est une IRA européenne ».

 

Voici une revue de détail des 6 réponses possibles à disposition de l’Europe. Elles diffèrent à la fois par leur ampleur, la rapidité de leur mise en œuvre et leur faisabilité.
[1] Une voiture électrique sera considérée comme « américaine » si : 1/ elle est assemblée en Amérique du Nord 2/ au moins 40 % des matières premières critiques de la batterie du véhicule sont extraites ou traitées aux États-Unis (ce taux sera porté à 80 % en 2026) 3/ au moins 50 % des composants de la batterie sont fabriqués ou assemblés en Amérique du Nord (ce taux sera porté à 100 % en 2029).