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Dépression française

CAHIER DE TENDANCES #129 | 17 MARS 2023

Gratuit Photographie En Niveaux De Gris D'une Femme Qui Pleure PhotosLe baromètre OpinionWay réalisé pour le cabinet Empreinte Humaine, vient de révéler que plus d’un salarié sur quatre estime être au bord du burn-out. Selon une infographie publiée par Alternatives Économiques, la France serait le pays détenant un des taux de burn-out les plus élevés d’Europe. La période passée du Covid et les changements intervenus dans de nombreuses entreprises n’ont apparemment pas encore produit d’effets. 74 % des personnes interrogées par ce sondage présenteraient des symptômes de dépression et d’épuisement. Six salariés sur dix pensent que leur état de santé psychologique et physique ne leur permettra pas de travailler jusqu’à la retraite et neuf sur dix jugent que les conditions de travail doivent être améliorées. « À l’heure où on parle de recul de l’âge de départ en retraite, on ne parle pas du travail pour le rendre plus durable », souligne le psychologue Christophe Nguyen, président d’Empreinte Humaine. D’après lui, ce sont l’empilement des tâches administratives, de plus en plus importantes, les process de reporting et les « temps idiots » qui empêchent les travailleurs de concentrer leur énergie sur le cœur de leur profession.

 

L’Université de Bordeaux vient de présenter une étude qui revendique d’être la plus grande enquête réalisée sur la santé des jeunes en France et en Europe. 20 000 étudiants ont donc été suivis entre 2013 et 2022 pour répondre à un manque de données en la matière. Une étude datant de l’année dernière de Santé publique France montre combien les épisodes dépressifs ont augmenté en France. La tendance déjà amorcée en 2010 a connu une accélération sans précédent entre 2017 et 2021 en particulier chez les jeunes adultes. Le stress causé par la pandémie et les restrictions imposées par le contrôle ne suffisent donc pas à expliquer les raisons de cette hausse spectaculaire.

 

En parallèle, un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) nous apprend également cette semaine que la prescription de psychotropes, a augmenté en France et concerne « des dizaines de milliers » d’enfants et d’adolescents âgés de 6 à 17 ans. Entre 2014 et 2021, le taux de consommation chez les moins de 20 ans a augmenté de 48,54 % pour les antipsychotiques, de 62,58 % pour les antidépresseurs et de 155,48 % pour les hypnotiques et sédatifs. Ces médicaments pour traiter une dépression, une psychose ou encore des troubles anxieux ne concernaient jusqu’alors que les adultes. Mais, ces pathologies touchent aussi les enfants et les adolescents.

 

Les consultations en Centre médico-psychologique sont actuellement saturées (il faut entre 6 et 18 mois pour obtenir un rendez-vous). Du coup, une mécanique s’enclenche car il faut essayer d’aider l’enfant, ce qui conduirait souvent à un recours aux médicaments par défaut. Une chose est sûre après cette avalanche d’enquêtes, d’études et de sondages : le fardeau sanitaire, économique, social géopolitique et même politique induit des troubles mentaux qui contribuent à inscrire désormais la santé mentale au premier rang des priorités de santé publique.