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Bientôt, feu l’artifice ?

CAHIER DE TENDANCE #145 | 7 JUILLET 2023

C’est normalement le signal officiel de la fin de l’année, la date à laquelle on peut se détendre et passer « en mode vacances », même si certains ont encore quelques semaines de travail devant eux. Le bal du 14 juillet s’est tenu avec un peu d’avance cette année en France, avec son cortège traditionnel de pompiers et de feux d’artifice retransmis en direct sur toutes les chaînes.

 

Le mortier d’artifice a pourtant perdu sa connotation festive, en devenant l’arme par destination favorite des émeutiers, et engendrant un trafic digne de la prohibition. Une tonne et demie de mortiers a été saisie en région parisienne ces derniers jours, dans le Val d’Oise à Bezons l’enquête sur les engins pyrotechniques a mené les policiers droit chez un dealer de cannabis, à Besançon un bureau de tabac qui vendait sous le comptoir des fusées de catégorie F2 a été perquisitionné. Même la douane allemande a été mise à contribution pour remonter les filières jusqu’à la frontière polonaise.

 

L’emballement lui-même de l’actualité ressemble à un spectacle pyromusical, qui fait courir les membres du gouvernement avec un léger retard sur la musique qu’ils découvrent en direct comme tous nos concitoyens. Ces 24 derniers mois se sont enchaînés feux de Bengale, comètes, fontaines, étoiles, torches et tourniquets, jusqu’à ces dernières semaines aux fortes odeurs de poudre : l’embrasement des retraites a fait place à la mise à feu des villes petites et grandes, après la mort du jeune Nahel. Aucun répit venu de l’étranger : quelques centaines de kilomètres plus à l’Est, poudrière à ciel ouvert, une colonne marchait sur Moscou, pour faire tomber un régime disposant de près de 6 000 ogives nucléaires. Les spectateurs médusés regardaient s’enchaîner impuissants les signes contradictoires dans le ciel européen.

 

Une question est donc aujourd’hui, c’est bien légitime, dans toutes les têtes : Y aura-t-il un bouquet final, avec ses détonations bruyantes et ses éclairs de couleur, ou peut-on sereinement penser à débrancher un peu ? Les artificiers de l’actualité ont-ils encore quelques pétards dans leur sac, une affaire, un drame, un scandale, un coup d’état, ou peut-on enfin préparer nos oreilles au ressac, au vent dans les feuilles de peupliers, au chant des grillons, et au bruit des glaçons contre le verre ? Le bal des pompiers ne sera-t-il que musique et fête, et annonce de la torpeur estivale ? C’est ce que nous vous souhaitons bien sûr. Un répit attendu et un repos mérité, après une année de feux d’artifices.

 

PS : La parution de ce cahier de tendances s’arrête quelques semaines pour l’été. Nous vous donnons rendez-vous à tous vendredi 18 août.

3 rue Jacques Bingen

75017 Paris

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