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Good bye Lenin !

CAHIER DE TENDANCE #128 | 10 MARS 2023

Good Bye, Lenin! - film 2003 - AlloCinéCertains se souviennent, peut-être, de cet excellent film de Wolfgang Becker où un fils voulant éviter à sa mère exemplaire et socialiste un infarctus fatal causé par les grands bouleversements nés de la chute du Mur de Berlin, décide de lui cacher la fin de la RDA et entraîne son entourage dans sa folle tentative de recréer une époque révolue. C’est cette œuvre (et son titre) qui viennent immédiatement à l’esprit quand on voit resurgir au sein de toute une partie de la gauche – et plus particulièrement de la gauche syndicale – la nostalgie envers le « modèle » soviétique. Un « modèle » qui, non seulement, n’aurait pas disparu mais serait d’une brûlante actualité .

 

On sait que dans les périodes de trouble et de grande confusion intellectuelle qui agitent les sociétés affleurent à la surface de vieilles croyances et d’anciens dogmes que l’on croyait révolus. C’est un entretien du secrétaire général de l’UD CGT 13, Olivier Mateu accordé au quotidien La Provence qui a mis en évidence ce que l’on pressentait depuis un moment. Le journal avait noté que, curieusement et furieusement, la très puissante union départementale CGT 13 avait, de plus en plus, les yeux de Chimène pour Poutine. Et on découvre, au passage, que cette union des Bouches-du-Rhône est l’une des rares organisations syndicales en France à avoir rallié la Fédération syndicale mondiale (FSM), internationale révolutionnaire et anti-impéraliste en 2019. Cette fédération qui a suivi aveuglément les instructions de Moscou, dès 1949, abrite, notamment, la fédération syndicale de Corée du Nord, celle de Bolivie, de Cuba, du Vietnam, de Syrie et d’Iran…La CGT française s’est désaffiliée, en 1995, pour abandonner la révolution au profit du dialogue social. Il est hautement révélateur qu’une fraction non négligeable de la centrale syndicale ait donc choisi de se réaffilier et ait opté pour la traditionnelle stratégie de syndicalisme de classe.

 

Le secrétaire général de la FSM traite Zelenski de « néo-nazi » ? Ça fait de lui un vrai dirigeant politique de haut niveau , répond froidement Olivier Mateu. « Si on demande d’envoyer des armes en Ukraine, poursuit-il, pourquoi pas pour les Palestiniens ? ». Bref, Mateu qui est candidat à la succession de Philippe Martinez, « assume » et « se fout bien d’être traité de stalinien » et assume également de soutenir les séparatistes pro-Russes au Donbass. D’où les questions posées par La Provence à qui on doit d’avoir révélé ces affinités d’un autre siècle : Quand Emmanuel Lépine, le secrétaire général de la Fédération CGT des industries chimiques appelle à mettre « la France à genoux », quand Olivier Mateu, compagnon de route du groupuscule d’extrême-gauche PCRF qui noyaute le PCF, menace le préfet de « mettre le feu au département »et de déclencher « la guerre à la première réquisition », est-ce le symptôme d’une radicalisation du mouvement contre la réforme des retraites ? Ou la marque de la stratégie révolutionnaire revendiquée de la Fédération syndicale mondiale qu’ils ont ralliée ?