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Optimisme

CAHIER DE TENDANCE #119 | 23 DÉCEMBRE 2022

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La célèbre formule d’Antonio Gramsci, « pessimisme de la raison, optimisme de la volonté » est devenue avec le temps un de ces lieux communs qui truffent les discours de nos dindes galantes.. Elle est censée suggérer que l’on devrait reconnaître clairement à quel point une situation préoccupante empire, sans perdre espoir et tout en gardant à l’esprit que le volontarisme de la volonté est une levier suffisamment puissant pour changer le monde.
L’ennui est que si l’on voit, matin, midi et soir, nos contemporains s’exercer à cette gymnastique intellectuelle qu’est le pessimisme de la raison, de l’analyse, de la connaissance, on les voit déserter les stades quand il s’agit de mettre en pratique l’optimisme de la volonté. Et pourtant, les deux sont bien également nécessaires. Vouloir les opposer est un non-sens. Après tout, comme le dit le proverbe, l’optimiste invente l’avion et le pessimisme invente le parachute.

 

Oui mais voilà, ces derniers temps, la cause paraît entendue : l’optimisme n’a pas bonne presse. On nous répondra que l’époque où se mêlent pandémie, guerre, crise énergétique et globalisation aventureuse ne se prête guère à ce type d’exercice. A cela, les historiens rétorqueront quelle époque s’y est prêtée. La « Renaissance » , flatteusement nommée ainsi, fut une révolution de l’esprit mais, pour le reste, un méchant lieu. Le Siècle des Lumières fut aussi celui du despotisme et de l’obscurantisme.

 

Le problème est qu’aujourd’hui, l’Histoire ne sert plus qu’à construire des bouts de récits, des miettes de mythes. Ceux qui entonnent en permanence le grand air du déclin ou du grand déclassement devraient s’interroger à quelle époque notre pays a été une grande nation. Assurément ni en 1763 qui vit notre expulsion des Indes et de l’Amérique du Nord, ni en 1815 où il fallut toute l’habileté d’un Talleyrand pour sauver ce qui pouvait encore l’être, ni en 1871 qui vit l’effondrement de l’empire et la confiscation de l’Alsace et de la Lorraine, ni en 1940, année de la débâcle…

 

Cela doit-il nous conduire à rester accrochés au pessimisme comme une bernique à son rocher ? Nullement. Cela devrait encourager, bien au contraire, à rechercher tout ce qui, dans le passé, a contribué non pas à « maintenir notre rang » qui est une illusion mais à nous dépasser avec vigueur. Ce qui nous a aidé ce sont les réformes de structure, le retour à la stabilité politique, le souci d’exporter une certaine conception du monde mais, par-dessus tout, comme le rappellent, à la fois, L’Express, Marianne et l’Opinion cette semaine, le refus de « croire que c’est fichu ». Il y a un moyen de se mettre dans cet état d’esprit, c’est de traquer les bonnes et heureuses nouvelles, ces découvertes ou ces comportements qui contribuent à changer positivement la donne. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi d’opter un parti pris pour ce dernier Cahier de Tendance de l’année : le parti pris de l’optimisme. Tous les thèmes évoqués sont positifs.
Ce qui est notre manière à nous de vous souhaiter de bonnes fêtes et de vous dire tout le plaisir que nous avons eu à passer cette année en votre compagnie…