Pénurie

CAHIER DE TENDANCE #118 | 16 DÉCEMBRE 2022

Après le mot sobriété, on a vu poindre cette semaine le mot de « pénurie » mais dans des sens et pour des domaines extrêmement variés.

Pénurie de main d’œuvre. Comment expliquer l’ampleur du phénomène ? Environ six à sept entreprises sur dix se plaignent de cette situation, comme le soulignait récemment une émission de BFM Business : « c’est notre problème numéro un ». Et de citer des DRH qui disent « il y a dix ans, nous croulions sous les CV et cela est devenu une denrée rare aujourd’hui ». Hypothèse d’un des invités : depuis le Covid, les gens veulent non seulement changer de travail mais aussi de lieu de vie. A cela s’ajouterait l’exigence d’être majoritairement en télétravail. Nous serions donc dans une période de transition. L’explication est audible puisqu’il ne s’agit pas d’un phénomène seulement franco-français. Elle montre, en outre, que l’on n’a pas fini d’enregistrer les secousses telluriques provoquées par la pandémie.

Pénurie d’arguments. Il est loin le temps où les écologistes pouvaient proposer aux jeunes générations les autocollants et les badges où figuraient le slogan d’Outre-Rhin : « Atomkraft ? Nein, danke ! ». C’est une première mondiale : Une fusion nucléaire a été réalisée en laboratoire. Le gouvernement américain a pu annoncer, mardi, une « percée scientifique majeure ». La fusion est, en effet, considérée comme une future alternative possible aux centrales actuelles : elle pourrait un jour révolutionner la production d’énergie sur Terre. Elle présente de nombreux avantages par rapport à la fission puisqu’elle ne comporte aucun risque d’accident nucléaire et produit moins de déchets radioactifs. Surtout, surtout, par rapport aux centrales à charbon ou à gaz, elle ne génère aucun gaz à effet de serre. Le chemin reste toutefois long avant que cette solution ne soit viable à l’échelle industrielle et commerciale mais elle tend à démontrer une nouvelle fois que la solution au défi climatique se trouve bien dans l’innovation et non dans la régression.

Pénurie de soins. La pénurie de soignants est généralisée, étendue au monde entier. L’OMS nous alerte : il manquera 15 millions de professionnels de la santé d’ici à 2030. Si les pays à revenu faible sont particulièrement touchés, tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, sont confrontés à des difficultés en matière de formation, de recrutement et de répartition de leur main-d’œuvre. Mais cette pénurie a pris en France un caractère critique après près d’un demi-siècle de « numerus clausus » remplacé dernièrement par le « numerus apertus » censé mieux coller aux réalités du terrain mais… suivi par les ARS et donc, grippé. Ces derniers jours, la France s’est refroidie, comme à chaque fois, en décembre et les malades se sont aperçus que la notion de « désert médical » n’était pas seulement le triste privilège d’une France périphérique. Sans parler, bien entendu, de la pénurie des produits de base de la pharmacopée familiale. Au moment où le budget de la Défense entre en discussion, nos compatriotes ont donc fait connaissance avec le général Hiver.