La taxe carbone aux frontières : une nouvelle boîte de Pandore ?

L’Union européenne vient d’adopter le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MCAF). Il vise à taxer les importations en Europe pour 6 secteurs d’activité très émetteurs de CO2 (acier, ciment, aluminium, engrais, électricité, et hydrogène). En mettant un prix sur les émissions de CO2, l’Europe souhaite inciter les industriels hors d’Europe à verdir leurs productions plutôt que de payer la taxe aux frontières.

L’Union Européenne est la deuxième puissance économique mondiale et représente 18 % du PIB mondial après les Etats-Unis (25 %). Ce poids est-ce suffisant pour infléchir au-delà de nos frontières les politiques d’investissements de nos partenaires industriels non-européens ? Ces investissements seront-ils considérés comme rentables s’ils ne servent qu’aux exportations vers l’UE ? Quel sera l’impact de ce mécanisme sur le coût de nos exportations de produits manufacturés ? Cette perte de compétitivité accroit-elle le risque de désindustrialisation en Europe ? L’inflation Reduction Act américain et le MACF se neutralisent-ils ? Les pays non-européens vont-ils être tentés de mettre en place des mécanismes pénalisants pour d’autres catégories de produits exportés par les pays de l’UE ? Entre la théorie et la pratique, se posent de nombreuses questions qui doivent trouver des réponses.