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Le « moment iPhone » de l’IA

Tech et Caetera #15 | 31 MAI 2023

Après l’annonce d’une capitalisation boursière de 1000 milliards de dollars pour son groupe spécialiste des processeurs, le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a prononcé cette semaine  particulièrement inspirant devant les étudiants de la NTU, l’une des universités les plus prestigieuses de Taïwan. Il y partage quelques enseignements sur son parcours et dresse des pistes sur l’avenir de l’IA. Morceaux choisis.

 

Nouveau monde. Jensen Huang n’y va pas par quatre chemins. L’essor de l’IA générative est le « début d’une ère technologique majeure, comme le PC, l’internet, la téléphonie mobile et l’informatique dématérialisée, mais bien plus fondamentale, car l’IA a réinventé l’informatique de fond en comble ».
S’adapter, et vite. Pour le PDG de Nvidia, « les entreprises agiles tireront parti de l’IA et renforceront leur position. Les moins agiles périront. Les entrepreneurs créeront de nouvelles entreprises et, comme à chaque ère informatique précédente, de nouvelles industries ».

 

L’IA nous rendra plus efficaces, créera de nouveaux emplois. Parmi eux, « l’ingénierie des données, l’ingénierie rapide, les opérations d’usinage d’IA et l’ingénierie de sécurité. L’IA augmentera les performances des programmeurs, des concepteurs, des artistes, des spécialistes du marketing et des planificateurs de la production ».
…Et en détruira. « L’automatisation des tâches rendra certains emplois obsolètes, mais il est certain que l’IA changera tous les emplois. Si certains craignent que l’IA ne leur prenne leur emploi, les experts en IA, eux, le feront ».

 

Une manne pour l’industrie des processeurs : selon le PDG de Nvidia, « elle remplacera pour plus de mille milliards de dollars les ordinateurs traditionnels du monde entier par de nouveaux ordinateurs à IA accélérée au cours de la prochaine décennie ».

 

Chez Nvidia, Jensen Huang a connu des échecs. « De gros échecs, tous humiliants et embarrassants », de l’aveu de son fondateur. Exemple, cette erreur stratégique en matière de puces 3D dans les années 90, alors que l’entreprise travaillait pour SEGA. Sentant qu’il allait se faire dépasser par Microsoft, Jensen Huang a préféré jouer cartes sur table avec le PDG de SEGA, et avouer son échec. Il raconte : « J’ai lui ai expliqué que notre invention n’était pas la bonne approche. Mais j’avais besoin que Sega nous paie intégralement, sinon Nvidia ferait faillite. J’étais gêné de le demander. Il a accepté. Sa compréhension et sa générosité nous ont donné six mois pour vivre, et nous avons construit RIVA 128 qui nous a fait connaître. C’est en faisant face à nos erreurs et en demandant humblement de l’aide que nous avons sauvé Nvidia ».

 

Humilité, persévérance, capacité à se remettre en question, tels sont les préceptes du père de Nvidia. En conclusion de son discours, il lance aux étudiants un défi : « vous êtes au début, à la ligne de départ de l’IA. Toutes les industries seront révolutionnées, renaîtront, prêtes à accueillir de nouvelles idées. Vos idées. En 40 ans, nous avons créé le PC, l’internet, le mobile, le cloud, et maintenant l’ère de l’IA. Qu’allez-vous créer ? Quoi qu’il en soit, courez après, comme nous l’avons fait. Courez, ne marchez pas ».