Va-t-elle sauver Twitter ?

Tech et Caetera #13 | 17 MAI 2023

« Le marteau de velours ».

Voilà le surnom donné à Linda Yaccarino, ex-responsable de la publicité et des partenariats chez NBCUniversal, et future CEO de Twitter, rapporte le Guardian. Au-delà du cliché éculé de la femme à poigne, tous les observateurs s’accordent à dire qu’elle est sans doute l’une des plus grandes expertes mondiales du marché de la publicité, et qu’elle a donc le profil idéal pour le job. Ses résultats parlent pour elle : avec sa précédente équipe, elle a généré 100 milliards de dollars de recettes publicitaires depuis 2011. Dans quelques semaines, elle rejoindra la courte liste des grandes patronnes du monde de la tech. En effet, seules 10% des entreprises du classement Fortune 500 tech sont dirigées par des femmes.

Elon Musk a donné sa feuille de route : à elle le développement commercial de la plateforme, à lui, le produit. Leur objectif : transformer Twitter en une « everything app », un projet « X », qui, sur le modèle de WeChat, proposerait un ensemble de fonctionnalités, allant du paiement en ligne à la livraison de repas, en passant par les appels vidéo. La tâche s’annonce ardue et l’urgence est là: il faut impérativement rassurer les annonceurs qui ont fuit Twitter depuis la prise de contrôle d’Elon Musk. Six mois après son rachat, les recettes publicitaires ont fondu : parmi les 1.000 plus gros clients, plus de la moitié ont déserté. Dans le même temps, 90% du staff a été licencié, fragilisant le fonctionnement et la modération de la plateforme. Last but not least, le fiasco des certifications: sur les 150.000 premiers abonnés, à peine plus de la moitié payaient encore Twitter Blue en avril.

Linda Yaccarino est prête à relever le défi, mais son plus grand challenge sera sans doute de composer avec son encombrant N+1. Lors d’une interview récente à CNBC, Elon Musk a fait une promesse en forme d’avertissement: «Je dis ce que je veux dire et si je perds de l’argent en conséquence, c’est comme ça».
La voilà prévenue.