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Désinformation sous X

Dès les premières heures des attaques terroristes du Hamas lancées le 7 octobre contre Israël, on assistait à un véritable déluge de désinformation sur les réseaux sociaux, et particulièrement sur X (ex-Twitter).

 

Le média en ligne The Wired l’affirme : « les personnes qui se sont tournées vers X pour obtenir des informations sur le conflit sont confrontées à de vieilles vidéos, de fausses photos et des séquences de jeux vidéo à un niveau jamais vu par les chercheurs ».

 

Les journalistes, eux aussi, rapportent que le climat s’est nettement dégradé sur X ces derniers jours, et qu’il est devenu extrêmement difficile de sourcer correctement l’information sur la plateforme. Avec cette nouvelle guerre, les observateurs ne peuvent que constater l’ampleur des dégâts provoqués par Elon Musk sur « son » réseau social. Avant son arrivée, Twitter était certes un réseau imparfait, mais il constituait encore un hub d’expertises et surtout un espace où l’on pouvait suivre l’information en temps réel, notamment grâce à la vérification des profils de journalistes.
Equipes de modération licenciées, suppression de l’aperçu des titres des articles dans les posts, nouvelles certifications payantes qui donnent une prime aux contenus les plus viraux, et même recommandation du PDG de X lui-même pour des comptes réputés peu fiables (dans un post supprimé depuis), toutes les décisions récentes d’Elon Musk favorisent une forme de chaos informationnel propice aux manipulations et ingérences de toutes sortes. Selon The Information, il aurait même décidé de la fermeture d’un outil utilisé pour identifier les campagnes de désinformation coordonnées.

 

Face à ces défaillances, Thierry Breton a rappelé à l’ordre Elon Musk dans une lettre rendue publique : “A la suite des attaques terroristes du Hamas contre Israël, nous avons des indications selon lesquelles X/Twitter est utilisé pour diffuser des contenus illégaux et de la désinformation dans l’UE”, écrit le commissaire européen au Marché intérieur.

 

Et si ce climat de plus en plus irrespirable sur X provoquait la migration des journalistes et experts vers les plateformes alternatives telles que Threads (groupe Meta), BlueSky (créée par Jack Dorsey, le co-fondateur de Twitter) ou même Mastodon ? Débattue à longueur d’articles ces derniers mois, c’est en tout cas l’hypothèse formulée par Andrew Kaczynsky, journaliste chez CNN, cité par The Plateformer : « J’ai l’impression que Threads s’améliore de jour en jour avec l’arrivée de nouveaux membres. Il est impossible d’obtenir des informations vraiment fiables sur Twitter (X) avec les évènements actuels en Israël ».

 

Et pourtant, les chiffres sont là : plus de 50 millions de posts ont été publiés sur X au sujet d’Israël depuis ce week-end, dont plus de 4 millions en langue française.