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Chacun cherche son ChatGPT

Il est pratiquement impossible d’y échapper. On ne sait pas si l’intelligence artificielle va bouleverser absolument tous les secteurs de l’activité humaine, mais ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’elle a déjà bouleversé le contenu éditorial des quotidiens, des hebdos, des magazines… Il n’est pas un média qui fait l’impasse sur le sujet. Partout s’affiche l’acronyme : IA. Ce dernier a, d’ailleurs, fini par devenir un mot et quel mot puisqu’il est chargé de tous les espoirs et de tous les fantasmes. C’est au point où on lui demande tout et le plus souvent n’importe quoi d’ailleurs. Dernièrement, une chaîne d’info faisait l’expérience d’interroger ChatGPT pour savoir si chacune des personnes présentes sur son plateau était de gauche et de droite. Et, somme toute, les résultats étaient assez probants.

 

L’IA est devenue un jeu au point que l’on a fini par oublier son « je ». Or, on ne soulignera jamais assez qu’elle n’est pas une technologie nouvelle ou un simple outil de productivité, mais bien une technologie de rupture comme le fut l’invention de l’imprimerie ou la découverte du feu. Tout le monde a conscience que cette dernière aura des effets multiples à tous les niveaux de l’économie et qu’elle sera à coup sûr capable d’affecter tous les secteurs. Mais vingt-cinq ans après la révolution Internet, beaucoup d’entreprises hésitent encore à basculer dans ce « monde d’après » que constitue l’intelligence artificielle générative. De passage à Paris pour inaugurer un grand centre dédié à l’IA, le PDG de Google, Sundar Pichai a accordé aux Échos, un entretien dans lequel il se livre sur les défis de l’entreprise et son développement dans l’IA. Il insiste, à juste titre, sur le fait que l’on n’avait jamais vu auparavant une technologie se développer aussi vite avec des progrès quasiment de semaine en semaine qui donnent le vertige.

 

Une étude parue récemment dans le JAMA Internal Medicine a constaté que les réponses apportées par ChatGPT à 195 questions étaient plus appropriées dans près de 80 % des cas que celles de médecins aguerris. Plus détonnant l’IA pourrait s’avérer être meilleur psychiatre que les professionnels de la spécialité. En effet, une étude cette fois néerlandaise portant sur quarante questions de psychiatrie montre que ChatGPT3 obtient 8 sur 10 en moyenne soit une note bien meilleure que celle d’un psychiatre lorsqu’il travaille avec l’IA ou lorsqu’il travaille sans son aide. Évidemment, le fait que ChatGPT maîtrise cinquante langues n’est pas neutre. Cela permet d’abolir la barrière de la langue dans les écrits médicaux et donc de traduire d’innombrables articles.
De son côté, Le Figaro a demandé à trois experts de la finance d’accepter de confronter leur expertise à celle d’une intelligence artificielle. La proposition d’investissement de ChatGPT a finalement remporté le défi haut la main en enregistrant une progression de 15 %.

 

Quand on aura épuisé les « fights » qui font notre joie ChatGPT vs la médecine, les financiers, les politiques, les avocats, les philosophes… On pourra peut-être s’attaquer à la vraie question : face à un tel défi porteur de si grands enjeux, peut-il encore exister des instances de régulation ? Les 27 de l’Union européenne ont été précurseurs dans ce domaine. Cette semaine, ils ont adopté à l’unanimité l' »AI Act « , la première loi au monde en matière d’intelligence artificielle.

 

 

16/02/2024