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Anatomie d’un plongeon

La dette. Impossible d’échapper à ce sujet cette semaine à moins d’habiter sur la planète Zorg. Difficile de ne pas avoir entendu cette bacchanale de chiffres alors que le déficit public pour 2023 dérape à 154 milliards d’euros, soit 5,5 % du produit intérieur brut (PIB) après 4,8 % en 2022 et que la dette des administrations publiques au sens de Maastricht atteint 110,6 % du PIB fin 2023 (elle était de 97,9 % du PIB en 2019 avant la pandémie de Covid-19).

 

Bercy avait pourtant veillé à préparer les esprits au début du mois en annonçant que le déficit public dépasserait «significativement » la prévision du gouvernement, mais le couperet de l’Insee est tombé mardi dernier. Le déficit public dérape finalement à 5,5 % du PIB en 2023, soit 154 milliards d’euros. Ces chiffres classent notre pays parmi les cancres de la zone euro. La Cour des comptes a estimé qu’il faudrait couper pas moins de 50 milliards d’euros dans la dépense publique d’ici 2027.

 

Car on voit bien que l’enjeu n’est plus de chercher à économiser quelques milliards comme on se plaît à le suggérer,mais d’adopter une trajectoire budgétaire crédible. Ce qui est loin d’être une tâche aisée. Cela suppose de s’attaquer enfin aux problèmes structurels, notamment au premier d’entre eux : la réforme de l’État.

 

D’où cette question lancinante : « Peut-on empêcher les finances publiques de plonger et de porter ainsi un mauvais coup à la crédibilité économique de la France sur la scène européenne et devant les marchés financiers ? ».

 

La première réponse de l’exécutif a été d’assurer qu’une solution sera trouvée « coûte que coûte » (cette dernière expression remplaçant désormais le fameux et fumeux « quoiqu’il en coûte »). La seconde a été donnée par le président de la République qui a estimé que « nous n’avons pas un problème de dépenses excessives, mais un problème de moindres recettes ». On image un quidam dont les finances sont en rouge allez voir son banquier et lui dire en substance : mon problème n’est pas que je dépense trop, mais que j’ai moins de recettes.

 

Serait-on là dans une forme de déni dont usent tous nos politiques ? Car l’actualité est aussi facétieuse. La même semaine, un athlète olympique français, Alexis Jandard glissait puis chutait du plongeoir du nouveau centre aquatique olympique de Saint-Denis le jour de son inauguration par Emmanuel Macron. Sa chute a fait le tour des réseaux sociaux en un temps record. Une honte absolue. L’impétrant aurait pu en rester là, mais il a su renverser à son avantage en reconnaissant son échec. Loin de s’en prendre à un élément extérieur, Jandard se met en scène dans une courte séquence marquée par l’autodérision et organisée par La Fédération Française de la Lose (qui célèbre la France qui perd) où il explique comment être sûr de rater son plongeon. Et si c’était là la première leçon des Jeux olympiques ? On vous laisse découvrir la vidéo…

 

12/04/24