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Les D-Days

Witnesses to D Day | The New YorkerQuatre-vingts ans après, ils sont revenus témoigner sur les plages de Normandie de leur héroïsme. Les derniers vétérans du jour J ont été les grandes vedettes des commémorations du Débarquement. Grâce à eux, ces cérémonies ont créé une émotion collective qui donnait le frisson. On se souviendra plus particulièrement de cet effort surhumain que la plupart firent pour se lever et être décorés par le président de la République de la Légion d’honneur. Stoïque face au retard inexpliqué et inexplicable du maître des horloges. Debout. Toujours être debout. Leur seule attitude avait valeur d’exemple.

 

Derrière ce tableau héroïque, se déroulait un ballet diplomatique et politique. Les vingt-cinq chefs d’État et de gouvernement rassemblés sur les plages du Débarquement n’étaient pas tous là pour les mêmes raisons comme l’a justement souligné Philippe Gélie dans l’éditorial du Figaro. Trois d’entre eux illustraient particulièrement ce décalage : Joe Biden, Volodymyr Zelenski et Emmanuel Macron.

 

Joe Biden était venu pour nous rappeler qu’il demeurait notre meilleur allié en dépit de son âge et en dépit des assauts de plus en plus agressifs de son rival, Donald Trump. Sa ligne était claire : l’isolationnisme n’était pas la voie à emprunter hier, elle ne l’est toujours pas aujourd’hui. C’est ainsi que devant les tombes des soldats américains tombés en nous libérant du nazisme, il a évoqué l’Ukraine. « Si nous détournons les regards, le pays tombera sous le joug russe, puis l’Europe entière tombera aussi ». Difficile de trouver paroles plus fortes et plus éloignées des trumperies sur ce sujet.

 

Rock star, Volodymyr Zelenski, toujours en t-shirt kaki, est venu, dire au monde entier qu’il était l’incarnation actuelle de la résistance face à l’agression totalitaire poutinienne. Son message, là aussi, était clair : Impossible d’honorer la résistance d’hier et de se détourner de celle d’aujourd’hui. Le président ukrainien nous a dit qu’il attendait non pas des discours, mais des actes concrets, des preuves du soutien des Alliés. L’enjeu était simplement pour lui de mettre nous autres Occidentaux face à nos responsabilités, c’est-à-dire nous rappeler qu’il attendait une aide militaire accrue immédiate et dans la durée.

 

Emmanuel Macron avait un message beaucoup plus complexe à délivrer. Il s’agissait, en effet, de rendre hommage au courage héroïque des vétérans, tout en montrant la nécessité de franchir une nouvelle étape dans la défense de l’Ukraine, tout en poursuivant sa campagne contre le seul adversaire qu’il s’est désigné dans le cadre des élections européennes : le Rassemblement National.
En 2044, pour le centenaire du Débarquement, on retiendra sans nul doute la figure d’Ed Berthold, 104 ans, pilote au sein du 445e groupe de bombardiers des États-Unis, qui a lu sur l’estrade d’Omaha Beach la lettre qu’il avait écrite à sa mère et dans laquelle il revient sur ce moment clé de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

 

07/06/24