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En eaux troubles

Vont-ils en parler ? Ils en ont parlé. Images de désolation, de destruction, saccage familial. La réunion de famille a dégénéré. On en est venus aux mains. Y a-t-il encore un sujet qui ne soit pas polémique et ne déclenche pas l’ire collective ? La sphère s’est élargie au monde entier. Y a-t-il encore un sujet qu’il soit politique, géopolitique, économique, religieux, sociétal qui ne déclenche pas un tollé, une agitation, un chaos, un foutoir généralisé, voire une guerre dans le pire des cas.

C’est troublant.
Ah, le trouble… Dans les cimes pyrénéennes, le trouble a ébranlé l’édile. L’agneau allait se désaltérant dans le courant d’une onde pure. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage, le loup dixit. L’affaire se termine très mal. Sans autre forme de procès conclut La Fontaine. Du trouble et pas de procès. Et quand procès il y a, d’aucuns sont troublés. C’est troublant.

L’absence de trouble a un nom, l’ataraxie.
Le cerf ne pleura point, comment eut-il pu faire ? Ataraxie légitime. Et puis dura lex, sed lex. La maxime latine garde tout son sens, venant d’une période où l’on finissait sur une croix, dans la gueule d’un lion ou décapité selon son statut social. En lisant certaines déclarations et commentaires, émis au plus haut niveau, on peut en déduire que pour certains, la loi est dure mais c’est la loi, surtout pour les autres. Rafraîchissons donc la formule : Dura lex, sed lex, praesertim pro aliis, ou Dura lex, sed lex — maxime cum ad alios pertinet. Les latinistes apprécieront et trancheront.

Et pourtant, le Bobby Fuller Four le chantait au mitan du siècle dernier (ainsi que The Clash) : I fought the law and the law won. J’ai combattu la Loi et la Loi a gagné. Another one bites the dust, avait ajouté Freddie Mercury quelques années plus tard. Références anciennes, pour de vieilles antiennes.

Pour conclure sur une note optimiste, cherchons dans l’actualité quelques nouvelles réjouissantes. La France a raflé 9 titres au World Butchers’ Challenge, championnat du monde de la boucherie. En ces périodes de réarmement généralisé, savoir que l’artisanat apporte sa contribution est peut-être un moyen de nous rassurer sur l’avenir. Rien de tel que le travail bien fait, la guerre étant, comme chacun sait, une chose trop grave pour être confiée à des militaires, si l’on se réfère à l’esprit de Clémenceau.