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Fumée blanche, fumée noire, enfumages et fumisteries

Dans les semaines à venir, le monde aura les yeux rivés sur l’une des cheminées du Vatican, guettant les volutes blanches annonçant le successeur de François. Les bookmakers sont dans les starting-blocks, les parieurs sur les dents : qui occupera le siège de Saint Pierre ? Quel sera son prénom de règne ? Quel sera son cap, entre tradition et modernité ? Bref, ça va fumer. Et pas qu’à Rome. Dans les rédactions. Dans les esprits.

En revanche, pas de fumée visible lors du conclave sur les retraites. Quelques heures de pseudo-dialogue parties en fumée. Pas davantage du côté des Républicains, toujours en quête de leader. Sur le front des ZFE, la fumée des diesels continue de flotter dans l’air du temps. Et outre-Atlantique, on guette les signaux de fumée des grands MAGA manitous, rois de la finance de pacotille, mais champions incontestés du brouillard discursif. De fumée en écran, de posture en imposture, difficile d’y voir clair. On en viendrait presque à regretter l’époque où la fumette ouvrait les portes de la perception, comme au bon vieux temps du Summer of Love…

Dans cette ambiance brumeuse, chacun tente de garder la tête froide. Mais souvent, on part frais comme un gardon et on rentre fumé comme un saumon – merci Orelsan pour le résumé.
L’occasion est belle de remettre sur la platine l’inoxydable Smoke on the Water de Deep Purple. Fire in the sky…

D’enfumage en fumisterie, la confusion s’installe. Magritte avait raison : Ceci n’est pas une pipe. Et Dieu, on le sait, est un fumeur de havanes. Ce qui ne va pas faciliter la dissipation des fumerolles.

Le choixpeau de Poudlard serait-il la solution la plus écologique pour trancher les grands débats contemporains ? Les grincheux objecteront qu’il ne s’agit que d’un accessoire de fiction pour ados. Peut-on leur donner tort ? Peut-être. Mais dans un monde où la science est disqualifiée, où l’expert autoproclamé formé sur les Internets devient oracle, où les croyances fumeuses prennent le pas sur les faits, le plus grand délire n’est plus celui qu’on croit.