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Dieu, vélos volés et âge d’or disparu

Dans une tribune publiée dans Les Échos cette semaine, Gaspard Koenig, philosophe et fin observateur du monde tel qu’il est, considère que l’écophobie ambiante est un bon signe. Signe des derniers soubresauts d’un monde ancien qui garde la mémoire reptilienne d’un âge d’or à jamais disparu ou en cours de disparition. Dont acte. Ça nous change de la phrase rabâchée de Gramsci à propos de l’ancien monde qui se meurt, etc.

Cela apporte une bouffée d’optimisme salutaire dans un monde où certains, outre-Atlantique, ont vu l’œuvre de Dieu dans les inondations texanes. On peut rationnellement supposer que l’Éternel, dans omnipotence, a d’autres priorités que de relancer une version 2.0 ou 3.0 des si cinématographiques « plaies d’Égypte ». Et pourquoi au Texas, d’ailleurs ? Certes, les productions hollywoodiennes ont régulièrement inscrit New York ou Los Angeles comme destinations favorites des fins du monde, glaciations, tsunamis, invasions extra-terrestres, etc. Mais y voir une intervention divine est peut-être pousser le bouchon un peu loin.

À moins que ce ne soit qu’une simple non-intervention, avec une dimension punitive qui nous ramène aux plaies précédemment citées. Ce qui objectivement ne fait pas avancer le débat. Nous nous voyons aussi cloués au sol qu’une équipe du Tour de France se faisant dérober sa collection de vélos hi-tech par des malandrins insensibles au calvaire des forçats de la route (ou voulant leur épargner la souffrance d’une ascension du Galibier ou de la Butte Montmartre dans la canicule de juillet sans moteur caché ni substances énergisantes…) Allez savoir.

En attendant de s’agglutiner Rue Lepic pour voir passer le Tour, les Parisiens se baignent dans la Seine. Pendant ce temps (à Vera Cruz*) l’INSEE nous annonce que le taux de pauvreté atteint son plus haut niveau en France depuis 1996. L’âge d’or est bien derrière nous. Alors cherchons les bonnes nouvelles, les choses qui mettent en joie. La France connait une croissance forte en termes d’investissements immatériels (brevets, marques, droits d’auteurs, logiciels). C’est un peu abstrait, mais l’allégresse nous envahit et nous nous autorisons quelques entrechats.

Revenons pour conclure à notre philosophe et sa vision positive qui nous permettrait presque de faire nôtres les mots de John Lennon : You may say I’m a dreamer, but I’m not the only one, I hope someday you’ll join us, and the world will be as one.

*in La Cité de la Peur, Alain Berberian, 1994

 

11/07/2025