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Remake américain

CAHIER DE TENDANCE #135 | 28 AVRIL 2023

Gratuit Drapeau Amérique PhotosRemake. Dieu sait combien Hollywood goûte les remakes et qu’importe s’ils ne sont pas toujours à la hauteur des œuvres originales. Il y en a parfois qui parviennent à les dépasser comme A star is Born ou The Mummy. Ce dernier film fournit une transition toute trouvée avec ce qui pourrait être le prochain casting de la présidentielle américaine. En effet, octogénaire depuis novembre 2022, le président Joe Biden, en se portant candidat à un second mandat, a trouvé une nouvelle frontière que nul président américain n’avait osé franchir jusqu’à présent comme le soulignait fort justement Le Monde. L’élection présidentielle américaine de 2024 sera-t-elle un remake de 2020 ? Il y a encore six mois, poser cette question pouvait paraître grotesque. Premier ex-président à être inculpé, Donald Trump, âgé de 76 ans, a promis d’écraser son concurrent. Cette semaine, les deux finalistes de la précédente élection sont donc entrés officiellement en campagne pour le meilleur et pour l’empire, pensent-ils.

 

Est-il si curieux que ce bégaiement de l’histoire américaine ne suscite pas davantage de réactions dans les pays occidentaux ? Car enfin ce choc entre Godzilla et Kong a tout pour inquiéter.
On répondra que la guerre en Ukraine ou la menace que la Chine fait peser sur Taiwan occulte cette problématique. Mais peut-être y a-t-il derrière cela quelque chose de plus profond à l’image de ces plaques telluriques qui, en apparence, ne produisent pas immédiatement les effets attendus. Autrefois, un battement d’aile de papillon aux USA pouvait provoquer un ouragan tant nous étions suspendus aux soubresauts de la puissance américaine mais aussi aux charmes de l’ « American way of live ». « Nous sommes solidaires, emportés par la même planète, équipage d’un même navire ». Cette réflexion de Saint Exupéry dans Terre des hommes résumait bien notre rapport aux États-Unis. Autrefois.

 

Une des raisons de ce manque d’intérêt pour ce qui se passe à Washington est que la démocratie américaine apparaît malade. De fait, elle ne s’est pas remise de l’épisode du Capitole. Pêle-mêle, on peut citer les symptômes de cette maladie : un découpage électoral critique, des financements politiques débridés, des médias clivés, des états maîtres des élections, une cour suprême politisée…
Il est loin le temps où les États-Unis exerçaient sur nous une attraction universelle et où on enviait à la fois leur dynamisme, leur créativité, leur vitalisme et leur optimisme à toute épreuve. L’antiaméricanisme a, lui-même, progressivement disparu des écrans. On a oublié depuis longtemps le débat qui fit rage dans les années 80-90 autour d’une pseudo « gauche américaine ». Faut-il se féliciter de cet effacement culturel, politique, monétaire ? Sûrement pas quand on voit poindre ce qui pourrait remplacer ces influences.
On parle beaucoup du courage des hommes et des femmes mais bien peu de celui des nations. Or, dans ce cas aussi, le courage est de nommer ce qui doit être fait mais aussi de le faire et de s’y tenir. Que veulent les États-Unis ? Veulent-ils autre chose que des remakes ?