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Cinéma Paradiso

« En l’an 2024, le cinéma aura accompli sa plus grande œuvre : éliminer tout conflit armé de la surface du monde civilisé. Par la puissance des images, il aura su imposer l’idée de fraternité humaine à l’échelle de la planète.» Une phrase signée D.W. Griffith, génie du 7ème art… et auteur de Naissance d’une Nation, petit bijou cinématographique plébiscité par les suprémacistes US et le KKK. On appréciera la vision utopiste. Et l’ironie de la chose.

 

Qui dit cinéma dit mise en scène, dit scénario. Il y a des films avec scénario et sans mise en scène. Et d’autres sans scénario mais avec de la mise en scène. Nobody’s perfect, comme dirait Billy Wilder (Certains l’aiment chaud).

 

Côté mise en scène et casting, l’intervention présidentielle fut un moment de perfection. Attribuons d’emblée une palme aux professionnels de la profession (Merci JLG pour cette formule merveilleuse). Une durée en parfaite adéquation avec le standard Autant En Emporte le Vent/Porte du Paradis/Interstellar/Oppenheimer. Une dramaturgie et des arcs narratifs Tarkovskiens, avec cette dimension contemplative lancinante qui plonge dans une douce somnolence. Avec même un zeste de Walt Disney, il ne manquait que Kaa sifflant « aie confiaaaance… ».

Quelques heures plus tard, les analystes sont aussi perplexes que les spectateurs à la sortie de Mullholland Drive ou après le visionnage des dernières minutes de 2001, L’Odyssée de l’espace, ne sachant plus vraiment dans quelle dimension ils ont été transportés.

 

Bien qu’il n’y ait pas de bonne ou de mauvaise situation, nous constatons que de tous les côtés de l’échiquier politique, l’ambiance dans les partis évoque (au choix) Furie, La Mort aux Trousses, Soupçons, La Balance ou Le Corbeau. Intensité dramatique forte et dénouements façon Règlement de Compte à OK Corral. Tenus en haleine, on se demande toujours quelle sera la scène finale ? Plutôt John Woo ou Frank Capra ? Les plus pessimistes en sont convaincus, There Will Be Blood. Prions pour que personne ne franchisse la Ligne Rouge et que l’on bascule en pleine Apocalypse Now. Du côté de l’Assemblée nationale, on auditionne. Et le public hésite entre L’Homme qui en savait trop et La Vérité si je mens

Mais comme chez Fellini, E la Nave Va

 

Alors qui croire ?

Godard pour qui le cinéma, c’est 24 fois la vérité par seconde ?

Ou Truffaut pour qui la réalité dépasse toujours la fiction ?

La question est posée.

Fondu au noir. Générique.

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