Fr
En

COP16 : Les crédits biodiversité, sauveurs ou illusions vertes ?

La Colombie, hôte de la COP16 sur la biodiversité, met sur la table un sujet brûlant : les « crédits biodiversité ». À première vue, ce mécanisme prometteur, popularisé depuis les années 1970, pourrait financer la restauration écologique en monétisant des actions comme la reforestation ou la dépollution. Mais derrière cette façade vertueuse se cache un débat crucial : ces crédits vont-ils réellement protéger la nature, ou servir d’alibi à des pratiques destructrices ?

 

Carolina Urrutia, présidente de cette COP, a prévenu : « Préserver la biodiversité nécessite des solutions innovantes et des engagements financiers solides », tout en insistant sur l’importance de ne pas transformer ces crédits en simples passe-droits pour des entreprises peu scrupuleuses. Objectif affiché : attirer des investissements massifs, à hauteur de 200 milliards de dollars par an, comme défini lors de la COP15 à Montréal. La France et le Royaume-Uni espèrent bien imposer une feuille de route mondiale pour promouvoir ce système.

 

Cependant, les critiques ne manquent pas. L’économiste Harold Levrel met en garde contre le danger de dérives. Selon lui, sans un encadrement strict, les crédits biodiversité risquent de devenir des outils marketing, sans garantie de résultats concrets pour l’environnement. Planter des arbres, c’est bien. Mais si ces arbres ne survivent pas ?

 

Le défi de cette COP16 est de taille : encadrer solidement ces crédits et pousser États et entreprises à prendre des engagements financiers concrets et durables. Sinon, l’avenir de la biodiversité mondiale pourrait bien se vendre à crédit.

 

23/10/2024