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Coup de chaud sur la rentrée

CAHIER DE TENDANCE #146 | 25 AOÛT 2023

Rentrée. Cette année, elle est au diapason de la météo. On notera donc une canicule dans certaines parties de la sphère publique et un temps nettement plus incertain dans une autre partie du paysage politique. Cet été, le coup de chaud est venu des écologistes qui sont parvenus à une performance : faire parler d’eux sans dire un mot d’écologie alors que le défi climatique est au cœur des préoccupations de la majorité de nos concitoyens. Ils ont été suivis par la France insoumise et même par le PCF qui, pour la Fête de l’Humanité, s’apprête à accueillir en invité vedette le rappeur, Médine, celui par qui l’orage médiatique arrive. Rappelons qu’il fut un temps où les universités d’été qui ponctuaient la rentrée permettaient aux leaders politiques de livrer leur feuille de route dans de longs discours en concluant des ateliers aussi disruptifs que l’avenir de l’Europe, le devenir de la décentralisation ou la place de l’Etat. Là, le débat devrait porter plutôt sur l’antisémitisme, l’homophobie, le sexisme et l’islamisme. L’étant change.

 

Une rentrée pour tout débloquer ? Le président de la République a profité du conseil des ministres de rentrée qui s’est tenu cette semaine pour esquisser les contours de l’« initiative politique d’ampleur promise au tout début du mois. Il a effectivement expliqué lors qu’il allait recevoir les forces politiques représentées au Parlement la semaine prochaine à l’Élysée. Un objectif : trouver des sujets concrets qui permettent d’enjamber une situation compliquée à l’Assemblée nationale, grippée par la majorité relative. Dans un grand entretien accordé au Point, le chef de l’Etat a choisi de mettre tout en haut de ses priorités l’école mais aussi l’immigration. Il annonce ainsi que le gouvernement reprendra « à la rentrée » son projet de loi sur le sujet plusieurs fois reporté depuis un an, sans exclure d’ « enrichir le texte » au Parlement.

 

Cette rentrée aura, au moins fourni, une nouvelle version du fameux : « Je décide et il exécute » prononcée jadis par Jacques Chirac pour brider les ambitions d’un Nicolas Sarkozy. Il s’agit, cette fois, d’un autre occupant de la Place Beauvau : « Nous allons, avec la Première ministre, Elisabeth Borne, mandater dès la rentrée le ministre de l’Intérieur pour repartir du projet du gouvernement, échanger avec toutes les forces d’opposition qui vont dans ce même sens et construire un projet le plus efficace possible ».

 

Dans son fief de Tourcoing, Gérald Darmanin dont Nicolas Sarkozy a loué les qualités dans son dernier ouvrage, ne planchera pas, le 27 août prochain, sur l’immigration mais sur les «attentes des classes populaires» devant près de 400 personnes, dont une centaine de parlementaires. Manière pour ce ministre aux origines modestes de faire entendre clairement sa différence. L’initiative a été critiquée par Elisabeth Borne et le patron du parti présidentiel Stéphane Séjourné : «Nous ne serons pas les spectateurs d’un match entre candidats potentiels à la présidentielle». Soyons juste : les rentrées politiques ont toujours été le climat le plus favorable pour le « tout-à-l’ego ».