Fr
En

Être de son temps

Il n’y aura pas d’engagement de la responsabilité du Gouvernement devant le Parlement pour le texte relatif à la fin de vie a annoncé l’Élysée. Pourtant, eu égard aux treize utilisations de l’article 49-3 de la Constitution, il était facile de penser que le Président voulait, là aussi, aller vite pour rester dans sa volonté de réformer.

 

La mort est transpartisane. Elle touche tout le monde. À part la France Insoumise, aucun parti n’imposera à ses parlementaires d’être des godillots. Il n’y aura pas de consigne de vote, chaque membre du Parlement choisira de soutenir ou non le projet de loi.

 

La liberté est d’autant plus importante qu’en ce moment la mort nous effraie plus que d’habitude avec les conflits réels ou larvés qui nous entourent.

 

Mourir et sa certitude, la mort, touchent à l’intime. Elle chahute cette part en nous qui n’est jamais exposée à la vue de tous, qui est un mélange de nos convictions religieuses, de notre histoire familiale et de notre poésie de la vie. Comme l’affirmait Victor Hugo, « La mort n’est rien, le mourir est tout. Ce qui meurt n’est rien, ce qui est moribond, c’est tout. Les agonisants sont les grandes puissances de la nature. Les certitudes y rayonnent et les réalités s’épanouissent.»

 

À l’évidence, mourir relève de l’essence de chacun.
Et quand c’est essentiel, on prend le temps. Le sien.
Comme en communication de crise.

 

Il est enseigné que lorsqu’une crise éclate dans une société ou autour d’un individu, il faut se hâter de ne point courir. D’abord parce qu’arriver en transpirant n’est jamais élégant, mais surtout parce que courir ne changera rien à la crise puisqu’elle est là.

 

Quand mourir sonne, c’est comme une crise, il faut trouver la solution la plus adaptée, la plus alignée avec les croyances et les intérêts de chacun. En l’espèce, trois grandes options – à personnaliser – sont proposées pour gérer au mieux ce moment : Se battre avec des soins palliatifs ou autres, se laisser couler, devancer en préparant son passage ? Seuls les plus fortunés et les plus éduqués ont accès à la troisième option et dans une certaine mesure à la première.

 

La loi française sera dans la lignée de celle appliquée en Belgique dit-on. Dans le plat pays, il y a trois modèles : les soins palliatifs, l’injection d’un produit létal par un médecin ou le suicide assisté (le patient s’auto-administre le produit). Cette dernière solution suscite tous les débats en France. En Belgique, le suicide assisté ne concerne que 2,5 % des morts.

 

La loi viendra à l’évidence renforcer le principe fondamental du respect de l’autonomie individuelle pour tous, placer le respect de la dignité humaine au centre de notre système de soins de santé et incarner les valeurs d’empathie et de compassion. Et pour parvenir à tout ça, il faut du temps. Été 2025 nous a-t-on annoncé. D’ici là, l’article 49-3 aura été utilisé pour de nombreux autres textes.

 

03/11/2023