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Habemus Europa ⚽️

Aujourd’hui, la bande-son, c’est l’Ode à la Joie. Quatrième mouvement de la Neuvième de Beethoven. Hymne européen. Ironique, non ? On célèbre l’Europe. L’Europe, l’Europe, l’Europe, comme disait le Général, un tantinet agacé. Une Europe un peu agitée de mouvements étranges. Allant à hue et à dia. Une Europe qui se cherche. Ça crie dans toutes les langues. Heureusement que Beethoven était sourd. Tellement sourd d’ailleurs qu’il a toujours cru qu’il faisait de la peinture selon François Cavanna. La sérénité n’est pas encore à chercher dans la vision européenne un peu fluctuante. Il faut que ça se stabilise. Mais aujourd’hui, ça tangue. Entre les gesticulations américaines, les menaces russes, les manœuvres chinoises, on cherche un point d’ancrage dans le lointain, le truc qui permet – les marins du dimanche comprendront – d’échapper au mal de mer et à l’envie de régurgiter.

 

Pendant ce temps, on habemuspapam à Rome, on tente de référender à Paris (en attendant d’interdemilaniser à Munich), on alcatraze à Washington. Ça devient confus. On attend donc avec impatience l’annonce du lauréat du Concours Lépine. Tant qu’à s’immerger dans le surréalisme et le n’importe quoi, autant y aller de bon cœur. Heureusement que les arbitres des élégances nous désignent les adversaires à abattre. Avec quelques listes noires bien éditorialisées, une pratique qui se généralise dans tous les camps et sous toutes les latitudes. L’inventaire du prêt à penser s’enrichit chaque jour de nouvelles certitudes.

 

Les nouveaux parias crucifiés par la bien-pensance viennent narrer leur chemin de croix sur les plateaux, l’œil humide, ayant fouillé les tréfonds de leur mémoire reptilienne pour déterrer la trace d’un trauma infantile expliquant tout. Côté retour du sacré, on est servis. Certes, la repentance médiatisée n’est jamais dénuée d’intentions mercantiles. Qui plus est, ça meuble du temps d’antenne, la nature ayant horreur du vide. Et les poissons rouges que nous sommes devenus ont tellement besoin de leurs shoots émotionnels.

 

Que diable sommes-nous allés faire dans cette galère ? A nous faire dévorer le foie chaque matin comme Prométhée. Après tout, il ne fallait pas voler le feu aux Dieux. Non, mais ! Ou à pousser notre pierre jusqu’en haut de la colline et devoir recommencer, encore et encore. Il faut imaginer Sisyphe heureux… La bonne blague !

 

Vive l’Europe ! Enfin… on l’espère !