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La Tech Trumpisée ?

« La Droite Tech américaine a pris le pouvoir », titre Le Monde cette semaine. Bercés à l’idéologie libertarienne, allergiques à toute forme de régulation, attirés par le secteur de la défense et animés par l’obsession de surpasser la Chine, certains investisseurs et dirigeants de la Silicon Valley ont fait leur mue conservatrice, formant une nouvelle « classe guerrière de la Tech », selon The Intercept.

 

Cette tendance « à droite toute », se traduit aussi sur les réseaux sociaux, remarque le New York Times, qui consacre un article à l’évolution politique des plateformes, avec plusieurs constats :

 

En matière de discussions politiques, les plateformes conservatrices dominent : Des sites comme Truth Social, Gab et Parler sont devenus des espaces majeurs pour les pro-Trump. Dans le même temps, sous l’impulsion d’Elon Musk, X s’est aussi transformé en un canal puissant pour promouvoir des idées conservatrices.

 

Contrairement aux Républicains, les Démocrates manquent d’espaces équivalents en ligne pour défendre leurs idées. Instagram, Threads et Facebook ont réduit la place donnée aux contenus politiques, laissant les Démocrates sans un outil efficace pour mobiliser leurs partisans.

 

Peu d’alternatives existent pour les progressistes. Certes, des plateformes comme Bluesky et Mastodon gagnent en popularité mais ces efforts restent limités et fragmentés, comparés à l’infrastructure médiatique bien établie des conservateurs. Certains stratèges démocrates appellent à développer des outils numériques pour renforcer leur présence en ligne, mais aucune initiative concrète n’a encore vu le jour.

 

Le choix de bannir certaines personnalités n’a pas été sans conséquence : après l’attaque du 6 janvier 2021, les grandes plateformes comme Facebook et Twitter ont exclu Donald Trump et d’autres figures d’extrême droite, ce qui a poussé ces derniers à investir et à renforcer des plateformes alternatives conservatrices. De retour sur les grandes plateformes, leur influence était déjà solidement ancrée. Ils ont donc en quelques sorte gagné sur tous les tableaux.

 

Ainsi, le jour de l’élection, Donald Trump a remporté la bataille de l’engagement en ligne face à Kamala Harris, illustrant cet écosystème médiatique asymétrique.

 

Conservateurs et extrémistes d’un côté, progressistes et démocrates de l’autre, la polarisation de l’écosystème informationnel américain ne fait que s’amplifier. C’est pourquoi certains appellent à imaginer de nouveaux espaces, à l’instar de l’historien David Colon, pour qui « il est urgent de doter l’Europe de ses propres médias sociaux, intègres et responsables ».

 

20/11/2024