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Le point sur la situation politique française début 2023

Après la réélection d’Emmanuel Macron d’avril 2022, les élections législatives qui ont suivi ont redistribué le rapport des forces politiques en présence.

 

Le système politique se parlementarise à nouveau, ce que la Vème République ne lui garantit pas quand le Gouvernement détient une majorité absolue à l’Assemblée nationale. En dehors du cadre budgétaire qui permet le recours au 49-3, l’Exécutif est contraint de nouer des alliances de circonstance (« des majorités de projet ») avant toute réforme d’ampleur, ce qui n’est pas sans difficulté car :

 

-La majorité présidentielle tente de se structurer en pôle de majorité relative, autour de Renaissance, du Modem dont les presque 50 élus peinent à émerger au-dessus de la mêlée et du groupe Horizons qui ne joue pas le rôle de pivot qu’il espérait jouer avec un peu moins de 30 élus. Il s’agit d’une part de députés réélus qui ont connu un quinquennat marqué par de nombreuses crises (grèves, gilets jaunes, Covid) et d’autre part de nouveaux élus qui n’ont pas bénéficié de la dynamique de 2017. Le groupe Renaissance s’est organisé autour d’une personnalité forte mais clivante (sa Présidente Aurore Bergé) et d’une Présidente de l’Assemblée nationale qui l’est tout autant (Yaël Braun-Pivet). Le fonctionnement du groupe désorienté par l’absence de majorité est complexe et son unité est régulièrement mise à rude épreuve.

 

-Les oppositions, de leur côté, qui sont aussi en concurrence les unes avec les autres, doivent bien choisir le positionnement qui les fera exister: le Rassemblement national (RN) et sa stratégie d’institutionnalisation (avec de nombreuses « mains tendues ») et La France Insoumise (LFI) qui rejette violemment le système politique actuel, veut renverser le pouvoir en place en pratiquant l’obstruction parlementaire et en multipliant les provocations (insultes aux ministres).

 

Les autres groupes d’opposition, jugés plus « fréquentables » par la majorité, sont fréquemment sollicités par l’Exécutif pour bâtir des compromis.

 

-Les dernières tentatives avec la gauche (PS et Ecologistes), impliqués dans l’alliance Nupes, n’ont pas été aussi fructueuses qu’attendu – avec notamment l’abstention des écologistes lors du vote sur le projet de loi accélérant le développement des énergies renouvelables. Sur les retraites, la main tendue aux socialistes a échoué, ces derniers choisissant de se rapprocher des LFI quitte à revenir sur les positions défendues lors de la précédente réforme.

 

-Les compromis pourraient être un peu moins compliqués avec Les Républicains (LR) sur des textes qu’ils ont eux-mêmes défendu dans le passé. Toutefois, les Républicains de l’Assemblée nationale menés par Olivier Marleix ne sont pas ceux du Sénat, autour de Bruno Retailleau et de Gérard Larcher. De même, l’élection d’Eric Ciotti à la présidence du parti a conduit à de nouvelles dissensions au sein des LR avec la dissidence très visible d’Aurélien Pradié sur les retraites. Chaque compromis reste donc très fragile et exige des réajustements réguliers.

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