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Le temps de la déflagration

« Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent » écrivait Baudelaire. Les témoignages innombrables qui nous sont parvenus ces derniers jours montrent combien – si cela était encore nécessaire – les terroristes du Hamas ont ouvert en grand les portes de l’enfer.

 

Comment mesurer la déflagration produite par ces crimes contre notre commune humanité ? Comment imaginer qu’un groupe d’hommes puisse surpasser dans l’horreur les atrocités commises par Daesh ? Comment se préparer à cette course dans l’horreur ?

 

L’onde de choc de ce qui vient de se passer est difficile à évaluer, tant l’attaque du Hamas depuis Gaza sur Israël est inédite. Mais de dangereuses répliques de la déflagration sont attendues, bien au-delà du Proche-Orient.

 

Depuis trois décennies, la solution à deux États née de l’espoir des accords d’Oslo était constamment reprise par les responsables politiques et par l’immense majorité des observateurs. Pourtant, dès le début, elle fut scandée sur les estrades et ignorée sur le terrain. Yasser Arafat pour maintenir son leadership sur son clan et sur Gaza a toujours tenu un double discours martelant en arabe le droit inaliénable des Palestiniens sur l’intégralité du territoire en lieu et place de l’État hébreu. Les pogroms perpétrés par le Hamas font désormais de la solution à deux États une illusion. Et pour longtemps. Mais le Hamas a, depuis longtemps, enjambé les accords d’Oslo, ce qui est dans sa ligne de mire ce sont les accords d’Abraham, mis en place en septembre 2020. Des accords qui ont vu Israël signer des traités de paix et des accords de normalisation avec de nombreux pays arabes. Le « message » des terroristes était tout particulièrement destiné à l’Arabie saoudite, qui sous l’égide des États-Unis semblait, il y a quelques jours, prête à signer avec l’État hébreu sans que la création d’un État palestinien en soit une condition préalable.

 

Cela ouvrait un boulevard aux dirigeants iraniens, bouchers de leur peuple, pour revendiquer d’être les hérauts du terrorisme islamiste. Car l’enjeu n’est pas seulement l’opération militaire à Gaza, c’est aussi le fait qu’Israël ne bombarde pas l’Iran, principal opérateur, grand financier et stratège des massacres.

 

Mais l’onde de choc s’étend de l’autre côté de la Méditerranée comme l’ont montré les manifestations pro-palestiniennes en Europe et, notamment, en France.

 

À Paris, par idéologie ou clientélisme électoral, le leader des Insoumis n’a pas hésité à se rapprocher des positions trotskistes du Nouveau parti anticapitaliste, scellant de fait la fin de l’alliance de la Nupes.

 

La France abrite la troisième communauté juive mondiale, après Israël et les États-Unis. Pour la plupart, ses membres vivent sans essuyer insulte ou menace. Toutefois, les actes antisémites n’ont cessé de croître ces dernières années. En région parisienne, les Juifs se font rares dans les communes à majorité musulmane de Seine-Saint-Denis. À Paris comme à Marseille, beaucoup ont retiré leurs enfants des écoles publiques… et observent les enquêtes d’opinion avec angoisse.

 

On comprend bien, dès lors, que ce qui se joue à des milliers de kilomètres, se joue aussi ici. Nul ne se hasarderait, aujourd’hui, à tenter de prédire ce qui vient.