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Make Ubu Great Again

Chronique satirique d’un monde en roue libre

Gloire à Alfred Jarry ! Un pur visionnaire ! Mieux que Matt Groening et les Simpsons, il avait tout anticipé. Avant Orwell. Ubu Roi, dans son palais sis 1600, Pennsylvania Avenue NW, Washington D.C. remis au pouvoir par l’entregent d’une puissante machine à décerveler, active le croc à finances. Et pousse des cris, des incantations chamaniques, tariffs ! tariffs ! Le roi de la taxe est en roue libre. Et le monde de la phynance est au plus mal. Ça chute. Quand ça taxe d’un côté ça taxe de l’autre. Par voie de conséquence, car on ne lâche pas le morceau et on ne va pas se laisser faire et c’est celui qui le dit qui l’est et bisque bisque rage, dans la grande cour de récré mondiale, ça surtaxe de tous les côtés En termes triviaux, on appelle ça un jeu de cons.

Mais à quoi ça sert ? Permettre à un quarteron d’oligarques de rafler la mise à bas prix une fois que tout sera mis à terre ? Ou juste démontrer une méconnaissance des mécanismes de l’économie ? Une certitude, la main invisible du marché tend son majeur bien droit tendu. Et la douleur sera collective. Mais qui s’en soucie. Combien de temps le consommateur américain, bien que lobotomisé, va-t-il courber l’échine ? Certes, la machine propagandiste qui lui explique que passer trop de temps devant son ordinateur favorise la prolifération des œstrogènes contrairement à la construction de robots dans les usines, ne laisse pas espérer un sursaut rapide. L’ère est à la glorification de la nouvelle masculinité, du muscle saillant, de la loi du plus fort, de celui qui mixtionne le plus loin et dont le membre viril affiche des performances longitudinales hors du commun.

Quelle époque…
Quand est-ce qu’on débranche et qu’on reboote tout ? Devons-nous attendre les midterms ? Le temps risque de paraître trèèèèèèèès long.
Deux options, renoncer et la jouer façon Stefan Zweig. Mais ça serait dommage, nous manquerions les prochains épisodes de la version trash de la Piste aux Étoiles dans laquelle nous sommes actuellement englués en direct live. Ou bien nous pencher très sérieusement sur le concept de tikkoun olam, la réparation du monde. Penser l’après, et les façons de tout reconstruire à partir du chaos. Une fois débarrassés des golems, des veaux d’or, des clowns orange et des totems.