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Une Palestine dans tous ses états

Cette semaine, l’évènement est, sans contexte, ce coup de tonnerre diplomatique que représente la reconnaissance coordonnée d’un État palestinien par trois pays : l’Espagne, l’Irlande et la Norvège. Le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, a lancé « un appel fort » à l’adresse d’autres pays européens pour qu’ils fassent de même. Saluant un « jour historique », son homologue irlandais, Simon Harris, a suivi peu de temps après. Dans la foulée, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a déclaré : « Le Premier ministre Netanyahou n’a pas de projet de paix pour la Palestine » estimant que, de ce fait, « la solution à deux Etats est en danger ».

 

Ce souci partagé peut aisément se comprendre, mais peut-on faire abstraction du contexte dans lequel cette décision a été prise ? Le pogrom du 7 octobre 2023, les horreurs commises, constituent un bien sanglant baptême. Le futur État palestinien qui naîtrait en réaction à la riposte contre l’action terroriste du Hamas partirait sur de très mauvaises bases. Le ciment d’un État à venir peut-il être exclusivement l’adhésion à une idéologie foncièrement antisémite ne cessant de ressasser l’espoir insensé de voir les Juifs partir un jour. Car ce qui apparaît très clairement depuis ces derniers mois, notamment avec le slogan « From the river to the sea », c’est que, depuis des décennies, ce qui importe aux dirigeants palestiniens est moins de bâtir un pays que de jeter les Juifs à la mer.

 

Des sommes considérables ont pourtant été mobilisées afin d’aider les Palestiniens à bâtir les bases d’un futur État. Le résultat n’est pas au rendez-vous. À Gaza, au lieu de mettre à profit cette manne financière pour bâtir un mini-pays, on a détourné l’argent pour mettre sur pied une infrastructure de guerre sans précédent. En Cisjordanie, cette aide a, d’abord, assuré la fortune de Yasser Arafat, de son épouse, de ses proches et des cadres fidèles de l’OLP, alimentant une corruption monstre rejetée par les Palestiniens. Ce qui explique, plus que le pogrom du 7 octobre, les sondages effectués en Cisjordanie qui continuent de donner une forte majorité au Hamas dans le cas où des élections libres se tiendraient enfin. Des élections que refuse Mahmoud Abbas. Ce qui explique la mise en garde de Salman Rushdie qui a survécu de justesse à une tentative d’assassinat en 2022 par un islamiste radical. Le romancier a déclaré dimanche dernier que si un État palestinien était créé aujourd’hui, il s’agirait d’un « État de type taliban » gouverné par le Hamas.

 

Et pourtant, les Israéliens savent bien que l’annexion comme la migration des Palestiniens hors de Palestine ne sont pas des solutions viables. La création d’un État palestinien demeure bien, aujourd’hui, la pire des solutions à l’exception de toutes les autres.

 

24/05/24